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C'est parti pour le Magic Fiscal Circus !

Jean-Marc Ayrault entame ce lundi matin une série de consultations sur sa réforme fiscale. Pour quoi faire ?
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Ce Fiscal Circus s'apparente
à une belle opération de com, qui va durer toute la semaine. D'abord, les
organisations syndicales et patronales aujourd'hui et demain, puis jeudi et
vendredi, au tour des responsables politiques du Parlement, moins le Front national bien sûr, qui n'a pas de groupe. "Je ne suis pas invitée, je ne
représente juste que de 20 à 25% des Français
", ironisait hier soir
Marine le Pen en petit comité. Nous allons donc passer, en termes d'affichage,
de la jacquerie antifiscale généralisée à un vaste dialogue républicain apaisé.

"C'est quand même mieux de consulter de façon ouverte que de voter des
textes en catimini la nuit
", rectifie Christian Eckert, le rapporteur
général du budget à l'Assemblée, qui juge courageuse l'initiative du Premier
ministre, parce que, dit-il, "elle engage et elle oblige ". Ces
consultations sont censées calmer le jeu, et replacer les assises de la
fiscalité des entreprises dans un débat plus global. François Hollande avait
perdu la main, la mise à plat fiscale va lui redonner un peu d'air.

Avec des résultats rapides à la clef ?

Ne rêvons pas : Jean-Marc
Ayrault parle de décisions publiques l'été prochain, avec une première
déclinaison dès le budget 2015. François Hollande, plus prudent, évoque une
réforme qui prendra le quinquennat. Un ministre du tout premier cercle, très
sceptique,  met en garde : "Cette
histoire n'est pas encore écrite, elle ne fait que commencer, nous ne sommes
pas au bout de nos surprises"
. Il est en fait très difficile de bouger
brutalement des milliards issus de la fiscalité, comme ça, en claquant des
doigts, d'une année sur l'autre. La réforme exige de la négociation, de la
lisibilité, de la stabilité politique, et surtout du temps. Beaucoup de temps.

Un quinquennat y suffira-t-il ?

Pas sûr ! Vous imaginez
la révolution culturelle : fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG,
remodeler la TVA, revoir le financement de certaines prestations sociales,
prélever l'impôt à la source ! C'est l'Iliade et l'Odyssée dans un même
temps. De plus, le chantier en question va s'inviter dans les différentes campagnes
électorales, qui démarrent début janvier. Le gouvernement va devoir faire œuvre
de pédagogie, tout de suite, avec des mots simples, c'est un métier, face à une
opposition frappée d'amnésie, qui l'accuse d'empiler les taxes.
Chaque électeur va devenir un expert fiscal en puissance. Ça promet.

Bercy va devoir se réorganiser en conséquence ?

C'est la que ça coince.
Pierre Moscovici a détesté de ne pas avoir été tenu au courant, par Jean-Marc
Ayrault, et de la réforme, et du changement des deux directeurs les plus
importants de Bercy, budget et trésor, hérités de l'ère Sarkozy. Le ministre de
l'économie fait de la résistance au sujet du remplacement supposé de Ramon
Fernandez, toujours patron du trésor. Son successeur annoncé, qui l'a appris
par la presse, François Villeroy de Galhau, actuel n°2 de BNP Paribas et ancien
directeur de cabinet de DSK à Bercy, n'a toujours pas dit oui. Ironie de
l'histoire : si cette nomination était confirmée, ce serait le retour par
la grande porte d'un membre éminent du gang des strausskahniens pour participer
à la mise en orbite de ce Fiscal Circus, destiné à riposter à la colère fiscale
qui gronde.

 

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