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La droite empêtrée, du Sarkoleaks au Copégate

La droite se réveille ce mercredi avec la gueule cassée à près de deux semaines des élections municipales.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

"Je  suis consterné, tout est pourri". Cette
formule signée Henri Guaino, l'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, qui
sera notre invité à 8h15, résume à elle-seule l'étendue du désastre : entre
la transcription des enregistrements de Patrick Buisson dans le Canard Enchainé,
ainsi que sur le site Atlantico ce matin, et les révélations du Point la semaine dernière sur ce qui est
devenu "l'affaire Copé", la droite toute entière traverse une
profonde crise d'identité et de confiance, à l'approche des
municipales. C'est une machine infernale implacable
qui s'est mise en route, entretenue, boostée par d'énormes erreurs de com.

Vous avez d'un côté
Sarkoleaks : Patrick Buisson, l'éminence grise maurrassienne, celui qui a
inspiré à l'ancien président sa campagne "droitisée" perdante
de 2012, après avoir nié avoir enregistré Nicolas Sarkozy à son insu à l'Elysée
comme l'a révélé Le Point , reconnaît
aujourd'hui l'avoir fait, juste pour préparer "les réunions suivantes",
explique son avocat. Mais qui peut croire une telle volte-face ? Ces
écoutes trahissent une conception paranoïaque de l'exercice du pouvoir, où tout
est enregistré, stocké, nous sommes dans La
Vie des autres
. Quelles que soient les motivations mises sur la table, même
bassement techniques, c'est le secret présidentiel qui a été brisé, et un
sanctuaire violé, celui de l'Elysée. "Nicolas Sarkozy, c'est la victime
dans cette affaire", précise au passage Guaino. L'ancien président serait
tout simplement furieux.

Et puis vous avez, de l'autre côté, le Copégate.

Le président de l'UMP, accusé
par le même magazine Le Point d'avoir
favorisé ses amis sur le dos des finances du parti, a remis des euros dans le
jukebox avec sa déclaration solennelle de lundi : Jean-François Copé a non
seulement braqué les journalistes, en les convoquant pour crier à
l'inquisition, sans leur permettre de poser la moindre question, mais s'est mis
à dos l'UMP dans son ensemble, en organisant une riposte solitaire. " Il a
privatisé le parti sans nous consulter. En mettant les comptes sous scellés, il
jette une suspicion sur nous tous ", proteste un haut responsable, sous couvert
de l'anonymat. Les langues ne veulent pas - ne peuvent pas se délier à
l'approche des élections. Une chose est sûre : l'entourage de
Jean-François Copé aura réagi dans la panique. Les rédactions échaudées se
penchent désormais sur les comptes de Bygmalion et les ventes de biens
immobiliers au Qatar, alors que tous les regards la semaine dernière étaient en
fait tournés vers l'Ukraine. Jean-François Copé vit  sous pression depuis son élection controversée
à la présidence de l'UMP. Et il se battra jusqu'au bout pour laver son honneur.

Il va donc y avoir des règlements de comptes à droite ?

Tout le monde du moins va
faire semblant jusqu'aux municipales. A commencer par le tandem Copé-Fillon qui
prend le train cet après-midi pour aller soutenir Fabienne Keller en meeting à
Strasbourg. A la question posée à Jean-Pierre Raffarin, qui les
accompagne : vous allez tenir la chandelle ? "Non, je vais
mettre un casque", a répondu l'ancien Premier ministre. Une figure de
l'UMP résume la situation : "Nous étions plutôt confiants, et voilà
que nous déroulons une autoroute pour le Front national, et nous jetons une
bouée de sauvetage au PS qui était en mauvaise posture. Nous règlerons ça
après, dès le soir du deuxième tour "A voir. La morale de cette histoire
est qu'il ne faut jamais réagir à chaud. Sinon la machine s'emballe et vous
broie.

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