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Panthéon : et si c'était Pierre Brossolette ?

Faut-il transférer les cendres de Pierre Brossolette au Panthéon ? La question va faire l'objet d'un étonnant colloque demain à l'Assemblée nationale, alors que la décision de François Hollande est attendue avant la fin de l'année.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Ce débat peut apparaître quelque peu décalé, voire abscons,
au vu des vraies préoccupations des Français, chômage, fiscalité, pouvoir
d'achat. Mais à y regarder de plus près, la charge mémorielle que va
représenter ce choix présidentiel peut compter, en cette période que traverse notre
Nation en mal de symboles et de repères historiques. De quoi parlons-nous :
le chef de l'Etat s'est fait remettre la semaine dernière le rapport qu'il a
commandé à Philippe Belaval. Le président du Centre des monuments nationaux lui a présenté un document intitulé  "pour faire entrer le peuple au Panthéon". L'idée pour le chef de l'Etat,
très friand de commémorations, était de savoir quel type de personnalité était
panthéonisable en 2014.

Et le rapport milite en faveur
des femmes.

Elles
sont deux seulement sur 71 personnalités à être inhumées. Et encore, l'une
d'elle, Sophie Berthelot, l'est à titre de conjointe du chimiste Marcellin
Berthelot. Il ne reste donc que Marie Curie. Cette absurdité doit être réparée.
Mais Philippe Belaval
avance un argument pour le moins étrange : il faut choisir une femme pour incarner
ce que le rapporteur appelle la résilience républicaine, à savoir être en
capacité de démontrer qu'il est toujours possible de se relever des pires
épreuves et de reconstruire les valeurs de la République. Du coup, les
illustres résistants Pierre Brossolette ou Jean Zay seraient à ses yeux disqualifiés
tout simplement parce qu'ils sont morts et n'ont pas pu tenir ce nécessaire discours
de confiance après-guerre. Le raisonnement est dérangeant : tous deux ont
fait le sacrifice de leur vie au nom de l'espérance, et le fait de résistance a
encore aujourd'hui valeur d'exemple. Un comité de soutien demande au chef de
l'Etat d'honorer le souvenir de Pierre Brossolette, qui s'est suicidé à 40 ans
pour ne pas livrer de nom à la Gestapo après deux jours et demi de torture.

Ce comité de soutien lui rend
hommage demain.

Il
rassemble un millier de signataires de tous bords politiques, Jacques Chirac,
Lionel Jospin, qui sera présent à l'Assemblée nationale, François Fillon,
Bertrand Delanoë, ou d'autres noms encore, comme  le peintre Pierre Soulages. Le comédien Pierre
Arditi lira une lettre envoyée par Pierre Brossolette à Charles de Gaulle, et
notre confrère Ivan Levaï se livrera à une revue de presse consacrée au grand
résistant.

Ce choix éventuel de Pierre
Brossolette se ferait au détriment des femmes ?

Pas
forcément. Le rapport Belaval insiste à juste titre sur une nécessaire parité.
Pourquoi ne pas imaginer alors un ticket en 2014 – l'idée émane des rangs du
comite de soutien- avec un hommage qui serait rendu conjointement à Pierre
Brossolette, et à une femme de courage telle que Geneviève de Gaulle-Anthonioz,
nièce du Général, elle aussi résistante, déportée, militante des droits de
l'homme à la tête d'ATD Quart Monde. François Hollande fera son choix avant la
fin de l'année. Il ne sera pas anodin, à 
un moment où la Nation doute d'elle-même et cherche ses propres modèles.

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