Quelle riposte à la montée du Front National ?
Le mouvement lepéniste est désormais bien ancré dans le
paysage. Se contenter d'affirmer que voter Le Pen c'est un vote de rejet ne
suffit plus car il s'agit aussi d'un vote d'adhésion. Immigration zéro,
protection économique des frontières, sortie de l'Euro. Voilà quelques points
de son programme capable de rallier des millions de suffrages.
Dans la majorité, sonnée par ses récents échecs face au FN,
élus et cadres s'interrogent sur la meilleure manière de le combattre. Le
député PS Matthias Fekl a une petite idée : "Il faut garder à l'esprit
que le FN n'est pas un parti comme les autres. La façade a été rénovée mais l'arrière-boutique
reste très peu fréquentable et reluisante. Mais cette analyse là n'est plus
suffisante. Il faut la compléter par un contre-argumentaire économique, social,
extrêmement précis. Il veut être un parti du gouvernement et bien démontrons qu'au
gouvernement tout ce qu'il ferait serait absolument désastreux. "
Voilà, combattre le FN sur le terrain économique et social. Marine
Le Pen n'en demandait pas tant car évidemment cela permet à son parti de se normaliser
encore un peu plus.
Quelle stratégie ?
Alors, à quelques mois d'un scrutin municipal périlleux pour
la gauche, François Hollande, lui-même, réfléchit à la stratégie à adopter. L'union
des gauches est-elle la solution miracle comme le suggèrent des socialistes ? Non
estime le sénateur grognon d'Europe-Ecologie-Les Verts Jean-Vincent Placé : "Le vrai problème ce n'est pas de monter des accords de premier tour dans
les antichambres, le problème c'est d'infléchir lourdement le cap économique et
social, de reparler d'emploi, de pouvoir d'achat. La politique menée ne
correspond pas du tout aux objectifs recherchés par les Français. "
Du côté de l'opposition
L'opposition, elle aussi, est confrontée au problème frontiste.
Le FN qui relance le débat à l'UMP entre deux visions idéologiques.
Cela devient la routine depuis la campagne très à droite de
Nicolas Sarkozy en 2012 et depuis le conflit Copé-Fillon de cet hiver. Une
ligne radicale d'un côté, une autre plus modérée. L'UMP, visiblement, choisit
d'aller dans le dur et de confier à des personnalités décomplexées la tête de
liste municipale dans des villes où le FN peut cartonner.
A Béziers, le maire sortant, Raymond Couderc, jette l'éponge
et le député Elie Aboud, qui le remplace, assume l'étiquette candidat anti-FN : "Le terrain de la sécurité, du contrôle de l'immigration, du respect des
valeurs de la nation n'est pas spécifique au Front national. On ne peut pas ne
pas parler des sujets qui préoccupent les Français parce que le FN s'est
approprié ces sujets. "
A signaler aussi l'initiative d'un député UMP du Vaucluse
qui vient de créer le Rassemblement Bleu Lavande qui fait étrangement penser au
Rassemblement Bleu Marine. Mais, pour l'ancien ministre Benoist Apparu, trouver
une position équilibrée est décidément compliqué.
"D'un côté pour certains, une volonté de faire du
copier-coller et de l'autre un discours qui est exclusivement sous un axe moral des valeurs et
diabolisations. Malheureusement l'un comme l'autre n'ont pas fonctionné. "
Le FN, pour sa part, se félicite aujourd'hui que la vie
politique de notre pays ne soit plus bipolaire. "On est passé à la
tripolarisation FN-UMP-PS " se réjouit un proche de Marine Le Pen.
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