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Rentrée parlementaire : le blues de la majorité

La majorité a le blues. Députés et sénateurs socialistes se retrouvent ce matin pour la rentrée parlementaire. Les couacs gouvernementaux en série leur donnent le tournis. 
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Y
a-t-il un pilote dans l'avion ? La question est sur toutes les lèvres. Et
chaque parlementaire socialiste se demande quand le président va trancher.
"Plus tard", a dit François Hollande entre deux portes hier à
Cherbourg. Ce sera peut-être demain en conseil des ministres.  En attendant, un poids lourd de la majorité se
désole : "Nous n'en avions pas fini avec les roms que nous avons aussitôt
inventé le travail du dimanche. Le comble, c'est que ce n'est pas la droite qui
nous met dans, c'est nous-mêmes
".

La gestion de crise en stéréo de
l'exécutif est montrée du doigt: "Plus le président gère les
problèmes de manière individualisée avec ses ministres, sans jamais trancher,
plus le Premier ministre verse dans un message collectif inaudible"
. Vous
y ajoutez les ratés de la calculette de Pôle Emploi, qui jettent un discrédit
durable sur les chiffres du chômage et l'inversion promise par le président. Ainsi
que la mission chargée d'enterrer le travail du dimanche. La majorité ne cache
plus son angoisse de voir les travaux parlementaires s'enliser dans
d'incessantes polémiques.

Il pouvait en être
autrement ?

Oui,
si l'on en croit Bruno Le Roux. Le patron du groupe socialiste à l'Assemblée,
qui estime que François Hollande a raison de prendre de la hauteur, met
beaucoup d'espoir dans une possible décrue du chômage, voire un frémissement de
croissance l'an prochain. Ce serait de bon augure avant les municipales de
mars. Patience, donc. Les mises en garde du Premier ministre, hier soir, lors
de sa réunion du lundi à Matignon, allaient dans ce sens, aux dires d'un
témoin: "Arrêtons de susciter des débats qui nous mettent en difficulté ", a prévenu Jean-Marc Ayrault, qui réclame un peu plus de cohérence au sein de
la majorité.

Le "ras-le-bol
fiscal" décrété par Pierre Moscovici avant la Rochelle a fait des dégâts...

C'est
ce qui fait le plus mal sur le terrain, puisque les impôts vont augmenter, rapportent
les élus en campagne pour les municipales. Le gouvernement a déjà lâché du lest
en offrant aux parlementaires la possibilité de revenir sur une mesure
impopulaire, la suppression de la réduction pour frais de scolarité. Elle
disparaitra du budget qui va entrer en discussion, une façon d'envoyer un
message positif. Encore faudra-t-il compenser le manque à gagner estimé à 440
millions d'euros.

Comment expliquer l'absence
de discipline à gauche ?

Il
y a tout d'abord les ambitions personnelles de certains ministres qui minent la
cohésion gouvernementale. Le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis a
raison de dénoncer "les enfants gâtés de la République". Et puis,
la gauche depuis toujours, raffole des débats, et n'a pas cette culture
caporaliste qui a longtemps prévalu à droite. Une façon élégante de vous dire
que c'est "le bordel", pour reprendre l'expression d'un député. Dix
années dans l'opposition n'ont pas corrigé ces travers. Les parlementaires
socialistes, ceux-là mêmes qui critiquaient l'autoritarisme excessif de Nicolas
Sarkozy, disent souffrir de l'incapacité du couple exécutif à remettre de
l'ordre dans les rangs. Le premier secrétaire François Hollande a toujours
rechigné à trancher dans le vif. Le président Hollande au fond n'est pas si
différent. Autant dire que l'attente est forte de signaux en provenance de
l'Elysée.  C'est à croire que les
Français souhaitent un président musclé, un gage pour eux de crédibilité.

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