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49.3 sur la réforme des retraites : qui est Paul Molac, le créateur du groupe parlementaire Liot qui pourrait faire trébucher le gouvernement ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Paul Molac, en juin 2022. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Il est celui par qui le Liot est arrivé. Paul Molac, député de Ploërmel (Morbihan) depuis 2012, a initié en 2018 ce petit groupe parlementaire, intitulé Libertés, indépendants, Outre-Mer et territoires. Et ses 20 députés actuels, du centre droit au centre gauche, menacent de déposer une motion de censure transpartisane après l’utilisation de l'article 49.3 de la Constitution par le gouvernement, pour faire adopter sans vote la réforme des retraites. Le Liot en appelle donc à Emmanuel Macron pour qu’il retire le texte et change de gouvernement.

Paul Molac, lui, est un pur breton. Né à Ploërmel, il 60 ans et sept enfants. Fils d’un couple d’agriculteurs, il avait lui-même deux passions dans sa jeunesse : l’agriculture et l’histoire. Après des études agricoles, il souhaite reprendre la ferme familiale, mais faute de terres suffisantes, il repart faire des études d’histoire. Il passe ensuite le CAPES, avant d'enseigner dans une cité scolaire pendant 20 ans.

100% breizh 

En parallèle, et depuis toujours, Paul Molac est très engagé dans la culture bretonne. Il adhère à 16 ans à sa première association. Président des parents d’élèves pour l’enseignement du breton dans le public, puis président du premier conseil culturel de Bretagne institutionnel, créé par Jean-Yves Le Drian.

En 2012, soutenu par le Parti socialiste et Europe-Écologie Les Verts, il est investi pour les élections législatives sous l’étiquette de l’Union démocratique bretonne, un parti autonomiste. Le député sortant de droite, Loïc Bouvard, avait décider de ne pas se représenter après 23 ans de mandat. Paul Molac est élu face au fils de Claude Guéant, François.

Ex-élu de La République en marche 

L’idée du groupe Liot surgit au début de son deuxième mandat. Le député de Ploërmel se sent un peu seul, et tente progressivement de rassembler autour de lui des élus du centre droit au centre gauche, où il se positionne lui-même. Il commence par trois nationalistes corses, comme lui très attachés à la cause régionaliste. "Au printemps 2018, j'ai commencé à travailler avec les Corses sur les questions de changement de Constitution. Et puis on s'est rapproché petit à petit d'autres personnes", comme l'actuel président du groupe Liot Bertrand Pancher, raconte-t-il à franceinfo. "Eux ne se sentaient pas bien dans leur groupe non plus. Moi j'étais dans le groupe République en marche, où c'était 'marche au pas'... Petit à petit, on s'est mis dans l'idée de faire un groupe."

"La caractéristique de notre groupe, c'est d'être humaniste. Donc on ne peut pas accepter une réforme des retraites où 60% des salariés seront impactés."   

Paul Molac, fondateur du groupe Liot

à franceinfo

Le groupe parlementaire Liot est donc aujourd'hui présidé par l’ancien maire de Bar-le-Duc (Meuse) Bertrand Pancher, avec au centre le député de la Marne Charles de Courson. Durant la précédente législature, on y trouvait pour le Parti radical de gauche Sylvia Pinel. Ensemble, ils parviennent à trouver des positions communes, mais avec une liberté de vote à chaque fois.

Dragué par Matignon sur la réforme des retraites 

Ces dernières semaines, les membres du Liot ont été beaucoup approchés par le gouvernement pour changer leur vote sur la réforme des retraites. Bertrand Pancher explique qu'il a été davantage consulté en quatre mois qu'en 15 ans de mandat. Paul Molac s'est lui aussi fait dragué : "Un conseiller de Matignon m'a appelé. Il m'a demandé ce que je voulais faire", à propos de la réforme des retraites, "et je lui ai dit que j'étais contre. Il m'a dit que s'il y avait quelque chose que je voulais négocier avec le gouvernement, c'était possible", raconte-t-il à franceinfo. "Il aurait fallu que je fasse des propositions, mais je ne suis pas allé plus loin, puisque pour moi c'était très clair : c'était non."  

Ce conseiller "me connaît un peu, il sait que ce n'est pas la peine de me foutre la pression, parce qu'il se serait fait envoyé promener. Donc j'ai été très courtois avec lui, mais je lui ai dit que ce n'était pas possible", sourit le député. À la demande de renoncer à la réforme des retraites, Paul Molac ne s’attend pas à recevoir de réponse du président. Le groupe Liot annoncera vendredi 17 mars le dépôt de sa motion de censure, qui sera défendue lundi 20 mars à l'Assemblée nationale.

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