ChatGPT : qui est Sam Altman, le génie de la tech qui craint une "extinction" de l’humanité à cause de l’intelligence artificielle ?
Sam Altman, le créateur d’Open AI et de ChatGPT fait partie d’un groupe de chefs d'entreprise et d'experts, qui ont mis mardi 30 mai en ligne une déclaration qui s'inquiète des menaces d'"extinction" pour l'humanité posées par l'essor de l’intelligence artificielle. C'est comme si la créature monstrueuse était en train d’échapper à son créateur qui vient en tout cas d’être classé par le magazine Time parmi les 100 personnes les plus influentes.
Un pur produit de la Silicon Valley
Si on se penche sur le parcours de ce Sam Atlman, c’est relativement simple : c’est un pur produit de la Silicon Valley. Il a 38 ans, il grandit à Saint-Louis dans le Missouri mais étudie effectivement l’informatique à Standford, qui est vraiment l’université de la Tech de la Silicon Valley, des études qu’il arrête d’ailleurs avant la fin. Il explique un jour dans une interview qu’il en a plus appris sur le business, sur le risque, sur la psychologie en jouant au poker. On est alors en 2005, il a 19 ans, et il fonde Loopt, une application qui permet de partager en direct sa localisation. Il aura des millions d’utilisateurs, avant de tout revendre en 2012, à prix d’or : 43 Millions de dollars. Un premier matelas conséquent qu’il investit dans toutes sortes de secteurs, comme le développement de la fusion nucléaire. Mais finalement, en 2015, il se dit que l’intelligence artificielle, qui est un peu le territoire de Facebook ou Google, doit se développer dans une entreprise à but non lucratif.
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Il lance donc Open AI, avec plusieurs grands patrons de Paypal, de Linkedin, avec Peter Thiel, un américano-néozélandais qui a été l’un des premiers investisseurs de Facebook, ou encore Elon Musk. Le personnage lui-même a cet air assez sage, plus discret qu’un Elon Musk. Il est végétarien, survivaliste même. Il s’affiche comme homosexuel assumé, grâce à Internet qui, dit-il, lui a donné les codes de l’homosexualité, alors qu’il n’avait aucun copain gay. Globalement c’est un garçon assez conscient de ses capacités, qui montre ses muscles en interview, en geste, et en mots. Sur une radio américaine il lance : "Je peux sans problème rester assis et être productif huit heures d’affilée."
- Aucune pause, lui demande l’intervieweur.
- Non, répond-il. C’est plus que la normale, non ?"
C'est un garçon brillant au point de comprendre très vite, lorsqu’il lance Open AI en 2015 que c’est une révolution. Que ça peut abolir la pauvreté, soigner les maladies et sauver le monde, mais qu’il faut prendre le temps de faire de la pédagogie. Il multiplie donc les conférences, les interviews à travers les États-Unis. En clair, dès 2015, il a déjà conscience des risques de l’IA dont il parle aujourd'hui. Il avoue carrément que ça lui fait peur, que, selon lui, l’inverse serait inquiétant. C’est pour ça qu’il veut que cela se développe en accès ouvert et dans une structure à but non lucratif. Sur Bloomberg TV, une journaliste lui demande si ça ne va pas menacer les emplois. Et il répond : "Oui, certains robots vont tuer des emplois, certains vont tuer des gens comme avec les voitures autonomes, mais globalement ça va être incroyablement positif pour l’humanité."
Microsoft investit 10 milliards de dollars
Progressivement Sam Altman et Open AI se rendent compte toutefois qu'ils vont avoir besoin d’argent. ll y a deux ans, il bascule en organisation à but lucratif. Lorsqu’il lance ChatGPT, en novembre dernier, la secousse est mondiale puisque cette fois, c’est le grand public qui peut interroger directement cette intelligence artificielle. Au point que nous aurions même pu écrire cette chronique en faisant appel à GhatGPT ! Les capitaux affluent.
En janvier 2023, Microsoft investit 10 milliards de dollars dans la société Open AI. Certaines voix commencent alors à trouver que Sam Altman et ses amis se sont un peu éloignés de leur grand rêve de sauver le monde. Gilles Babinet, qui est aujourd’hui le Digital Champion pour la France auprès de la commission européenne, estime par exemple que Sam Altman s’inquiète aujourd'hui, pas tant pour l’humanité mais pour son business ! "Ce qui m'embête, c'est qu'au début Open AI, c'était une promesse de fondation. D'amener de l'éducation, de la santé, des servives sociaux essentiels au travers de la technologie, explique-t-il. Maintenant ce que leur a demandé Microsoft, c'est d'accélérer le taux de vitesse de leurs réponses. Que cela devienne un quelque sorte un moteur de recherche en une seule fois et plus des mots qui s'inscrivent les uns derrière les autres. L'objectif aujourd'hui, c'est de travailler pour Microsoft, faire en sorte que la société réussisse, avant tout autre objectif et de remettre le moteur de recherche Bing à un niveau équivalent à celui de Google."
La bataille commerciale est aussi juridique. Sam Altman en a sans doute parlé avec Emmanuel Macron la semaine dernière à Paris. Suite à leur entretien, le fondateur de ChatGPT s'est en tout cas empressé de partager le tweet de l'Élysée avec ses 1,7 million d'abonnés.
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