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Coupe du monde 2022 : qui est l’émir du Qatar qui sort subitement du silence après les appels au boycott ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
 Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, le 21 juin 2022, à Doha. (- / QATAR AMIRI DIWAN)

Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani surgit tel un intrus jeudi 15 septembre 2022, en accordant une interview à l'hebdomadaire français Le Point. Et pour cause : en neuf ans de règne, c'est seulement sa troisième interview, et la première en Europe, après CNN en 2014 et CBS en 2017. Un long entretien, agrémenté visiblement d'une "balade" en voiture pour les deux journalistes, au cours de laquelle Cheikh Tamim a carrément pris le volant, faisant visiter Doha. Manifestement, l’heure est grave pour l'émir, 42 ans, trois femmes et treize enfants.

Qui est-il ce Cheikh Tamim ? On ne le connait pas ici : il est né en 1980, de la lignée des Al Thani qui domine le Qatar depuis 170 ans, une tribu établie à l'origine dans le Nejd, au centre de l'actuelle Arabie saoudite, avant de migrer vers la péninsule qatari. Le petit prince grandit et va à l'école à Doha, primaire et secondaire mais passe tous ses étés sur la Côte d'Azur : l'histoire avec la France démarre tôt... On l'y voit jouer au tennis avec un futur professionnel, de six ans son aîné, Nasser El Khelaïfi, futur président du PSG.

Désigné prince héritier à 23 ans

Il fait des études militaires en Angleterre, diplômé à Sandhurst à 18 ans.. Et il en a 23 ans, quand il est désigné prince héritier. Bizarrement, il n'est pas le fils aîné. Il est même le deuxième fils de la deuxième épouse de son père, mais c'est lui qui est choisi. Et contrairement à son père et son grand père, qui avaient profité que leur propre père soit en déplacement pour prendre la place, Tamim est désigné par Hamad, qui abdique pour raison de santé en 2013.

En 2013, François Hollande est président de la République, mais c'est sous Nicolas Sarkozy que le lien Paris-Doha va se resserrer : un lien personnel très fort va s'installer presque en même temps avec le père. On pense à la libération des infirmières bulgares, et à tous les investissements qataris en France, notamment. Mais aussi avec le fils, qui a déjà la main sur les questions de sport. C'est Tamim qui est à la manœuvre pour le rachat du PSG, dont il est supporter depuis toujours. Et c'est lui aussi qui déjeune à l'Elysée ce fameux 23 novembre 2010, avec Nicolas Sarkozy et Michel Platini, à neuf jours de l'attribution de la Coupe du monde au Qatar. Coupe du monde au coeur de toute sa stratégie d'influence dans le monde.

Après les protestations, le ton de l'émir change

L'émir entend évidemment les critiques sur sa coupe du monde. Qu'en dit-il ? Au forum économique de Davos au mois de mai, à six mois du match d'ouverture, on l'entend crier à la discrimination : "Aujourd'hui encore, certains n'acceptent toujours pas qu'un pays arabe musulman accueille une coupe du monde." Aujourd'hui, à deux mois du coup d'envoi, il explique au Point, avec un changement de ton : "Nous avons compris que nous avions un problème avec le travail sur les chantiers, nous avons pris des mesures fortes en un temps record. Nous avons modifié la loi, nous punissons quiconque maltraite un employé ; nous avons ouvert nos portes aux ONG et nous coopérons avec elles. Nous en sommes fiers." L’émir n'oublie évidemment pas la carte énergétique majeure que joue son pays en ce moment. "Nous sommes un pays crédible...", dit-il et "nous acheminons ce gaz à de nombreux clients dans le monde, de l'Argentine au Japon..."

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