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Everest : qui est Maxime Sorel, ce skipper sur le point d’atteindre le sommet de l’Everest ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Le skippeur Maxime Sorel, lors du départ la 12e édition de la Route du rhum, à Saint-Malo, le 29 octobre 2022. (JOEL LE GALL / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Le 10e du dernier Vendée Globe est, mercredi soir, à 7 900 mètres d’altitude. Il doit quitter vers 1h du matin heure française ce dernier camp, le camp numéro 4 pour gravir les 900 derniers mètres de dénivelé et arriver à 8 848 mètres d'altitude. Si tout va bien, Maxime Sorel sera le premier navigateur depuis Eric Loizeau, il y a vingt ans, à atteindre le sommet de l’Everest, jeudi matin. 

Il s'est lancé ce défi en rentrant de son premier tour du monde en solitaire il y a deux ans, bien conscient que le prochain "Vendée" ne reviendrait que quatre ans plus tard. Il avait besoin de défis entre temps. La montagne n’est pourtant pas son élément au départ. Lui est plutôt "tour du monde" que "toit du monde". 

L'ingénieur devenu skipper

Maxime Sorel est né à Saint-Malo, deuxième d'une fratrie de trois. Il a 36 ans, il a fait une classe prépa à Vannes puis école d’ingénieur à Lorient. Du temps libre souvent occupé par le bateau bien sûr. Mais pendant cinq ans, il a bel et bien été ingénieur en génie civil. À cette époque, Maxime Sorel construit des ponts et des ports.

Cette idée folle de l'Everest a rappelé des souvenirs à son frère, Jérémy, qui à l'époque était éducateur sportif. "C'est une telle tête de pioche qu'on ne peut pas lui dire non. Je me souviens très bien du jour où il nous a annoncé qu'il allait faire la Route du rhum. Il n'était pas du tout destiné à la course large. Il était ingénieur en génie civil", rappelle-t-il en soulignant néanmoins que beaucoup dans l'entourage de Maxime Sorel lui disait qu'il avait "quelque chose avec la voile" et qu'il fallait qu'il "perce".

"Mais voilà ...", ajoute Jérémy. "On connaît tous la Route du rhum parce qu'on est de Saint-Malo. On voyait les marins, on touchait leur veste quand ils passaient sur le ponton en se disant que 'c'est des fous, ils vont à la baston'. Et le jour où il nous l'a appris, on s'est dit qu'il était complètement cinglé. Et finalement, son frère Maxime Sorel "a super bien réussi, il gagne dans sa catégorie, c'est fou". 

Tellement fou que les partenaires ont afflué. Il gagne ensuite la Transat Jacques Vabre, puis participe au Vendée Globe. L'ingénieur crée son entreprise dans laquelle il embauche ce frère, très complémentaire. Jérémy pilote ce qu’ils appellent toujours le "projet voile", même aujourd’hui sur l’Everest.

Pourquoi tout d’un coup l’Everest ?

La réponse de Jérémy, est imparable : "Parce qu’il n’y a pas plus haut !" Maxime Sorel est parrain de l’association Vaincre la mucoviscidose. Il y a tout un sujet autour de l'oxygène en altitude, le sujet du vent aussi, dont on a besoin pour avancer en mer, mais qu'on redoute en montagne. Et il se dit que l'expérience en haute altitude l'aidera au aussi en voile.

L’Himalaya ne s’improvise pas. En décembre 2022, commence une opération commando. À peine rentré de la Route du rhum où il a terminé 5e, il attaque trois mois de préparation avec Guillaume Vallot, l’alpiniste reporter est là-haut avec lui pour l’ascension finale et un vidéaste Julien Ferrandes. Au programme : cascades de glace, bivouacs en haute altitude, descentes en rappel avec 500 mètres de vide. Ils ont même gravi le Kilimandjaro (5 149 mètres) avec un malade de la mucoviscidose. En bon ingénieur, Maxime Sorel travaille, près d’Annecy, dans un centre que les pilotes automobiles utilisent pour le "cognitif", les réflexes, histoire d’épargner le plus possible le cerveau, qui pompe de l’oxygène tout là-haut. Un chiffre étonnant : il a ouvert son champ de vision de 15 degrés à peu près de chaque côté, ce qui lui servira aussi en bateau.     

Près du but, mais les derniers mètres sont les plus difficiles 

L’équipe a pris la route du Népal le 4 avril. Huit jours pour rejoindre le camp de base à 5 364 mètres, puis des allers-retours entre les camps 1, 2 et 3. C’est de ce camp 3 qu’on va l’entendre dans sa dernière liaison radio à 7 400 mètres mardi soir. "On est arrivé quand même bien fatigués. On a testé avec l'oxygène et ça, c'est pas mal", raconte Maxime avec du sourire dans la voix. Son interlocuteur lui demande le programme de mercredi. "Je pense qu'on va partir vers 6 ou 7h pour rejoindre le camp 4 et ensuite se reposer et puis ... tenter le sommet". L'interlocuteur lui conseille de "bien manger, bien dormir". Ce à quoi il répond : "On va faire ça, de la soupe à l'ail. Je te recontacte demain." 

Là, tout a l’air d’aller bien. Cela fait un peu rêver vu d'ici, mais même pour quelqu'un qui est habitué à monter sur un mat de 27 mètres sur mer agitée, et même en étant très préparé, le plaisir n’est pas forcément pour tout de suite, comme l’explique très simplement son frère, Jérémy. "Je pense que le kiff énorme viendra après. Pour l'instant, je pense qu'ils ne sont pas dans le kiff énorme parce qu'ils manquent d'oxygène. Ça fait un peu mal à la tête, c'est compris, c'est comme si on avait un effet nauséeux. Et puis, il y a toujours cette peur : sur un bout de glace, le crampon déchausse et boom. On ne sait pas dans quel état on sera à un certain niveau d'altitude. Ça se trouve, ils vont être obligés de redescendre parce qu'ils auront atteint leur niveau critique. En revanche, il y a des petits moments où ça va bien. C'est comme en mer". 

Mercredi 17 mai à 19h, Maxime Sorel était arrivé au camp 4, à 7 900m d’altitude. C'est donc un quatuor qui doit monter la nuit prochaine au sommet : Maxime, Guillaume et leurs deux sherpas. La météo est bonne. Et le sommet devrait être atteint vers 5 ou 6 heures du matin, heure française. La descente s’annonce beaucoup plus rapide. Retour en France prévu mercredi prochain.

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