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Planification écologique : qui est Antoine Pellion, le techno écolo qui pilote tous les projets verts du gouvernement Borne ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale, le 13 mars 2018. Photo d'illustration. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

C'est un homme qui est au cœur de toute la planification écologique et des textes de loi qui se préparent mais dont on ne parle jamais : Antoine Pellion. Vous ne connaissez pas son visage, des lunettes rondes et un air d’Harry Potter, mais si vous regardez attentivement le documentaire sur les derniers jours de Jean Castex à Matignon diffusé en juin 2022 sur France 2, il apparait, briefant avec autorité, à l’entrée d’un plateau télé, un Premier ministre qui s’en remet totalement à lui.

Depuis, Antoine Pellion, 38 ans, a pris du galon. En plus de piloter le pôle Energie-environnement de Matignon, il a mis sur pied avec Elisabeth Borne ce Secrétariat Général à la Planification écologique dont il a la charge. En clair : il est là pour s’assurer que tous les ministères – et pas seulement ceux de l’écologie – accélèrent sur les sujets environnementaux, climat en tête. Dit de manière plus cash : il est le gars des Mines installé à Matignon qui "emm… tous les ministres avec ses trucs écolos".

"L’écolo pragmatique"

Antoine Pellion est né dans le Perche, Nogent-le-Rotrou, père pharmacien, ainé d'une fratrie de quatre. Enfant, il rêve de piloter non pas des conseillers mais des avions ! D'où le lycée militaire. Hélas pour lui, le rêve se brise très vite sur une myopie naissante. On ne pilote pas avec des lunettes. Le voilà donc élève ingénieur aux Mines, spécialité (déjà !) le gaz à effet de serre ; et l'énergie, sa passion. Du secteur privé, il connait, grâce à des stages, Total puis Areva. Le réacteur EPR n'a pas de secret pour lui, il a passé un an sur le chantier de la centrale en Finlande. Mais c’est la machine de l’État qui l’attire, le corps des mines et la DGEC, direction Générale Energie climat, sous François Hollande président. Puis le ministère de Ségolène Royal, où il se lie avec la directrice de cabinet qui s’appelle Elisabeth Borne et qui dit-il "le protège". Ils passent des heures ensemble au banc de l’Assemblée pour défendre la loi Climat. Femme exigeante, selon ses dires, qu'il est désormais l'un des rares à tutoyer.

Antoine Pellion est un homme en marche et pressé, il rejoint Emmanuel Macron à l’Elysée en 2017. Il a alors 33 ans, deux enfants. Auprès de ce président pas vraiment écolo à l'origine, il en convient, il suit le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – finalement abandonné parce que trop conflictuel, et pas d'abord pour des raisons environnementales. Très vite, "l’écolo pragmatique" comme le définit son entourage, pousse en faveur d’une taxe carbone (dont on parle depuis dix ans !). Elle sera à nouveau mise de côté pour avoir déclenché la crise des gilets jaunes. C'est lui encore qui défend l’idée "disruptive" d’un "Grand débat". L’ensemble lui vaudra de se faire chambrer par le président le jour de son pot de départ : "On ne remerciera jamais assez Antoine, grâce à qui j’ai eu l’occasion de voyager dans toute la France."

Traquer "les phases de malentendus"

Ce grand secrétariat général à la Planification écologique va-t-il réellement aider à verdir les politiques publiques ? C’est évidemment toute la question. Avec son cabinet qui aura à terme 15 conseillers, il presse chaque ministère de faire le bilan des efforts réalisés et d'identifier comment accélérer cette transition. De 24% de réduction de gaz à effet de serre aujourd’hui, il s’agit de trouver comment atteindre - 50% en 2030. Son job est de traquer ce qu’il appelle "les phases de malentendus". "Quand on parle de manger moins de viande mais de meilleur qualité, explique-t-il, je dois m’assurer que tous les ministères concernés sont alignés sur cet objectif." Notamment celui de l'Agriculture. Autre exemple, les Armées qui ont d’énormes leviers pour installer des panneaux photovoltaïques ou isoler leurs bâtiments. Il l’affirme en tout cas : "Le budget 2023 pérennisera certaines mesures du plan de relance." La ristourne sur le carburant du début de l'année quand le prix du baril s’est envolé ? C'est lui ! Pour que le litre d’essence reste à la fois accessible mais quand même un peu dissuasif, pour l'objectif climatique.

Antoine Pellion est aussi un politique. Grâce notamment à une année passée auprès de Stanislas Guerini, le patron d'En Marche. Loyal au président. Mais malin avec les associations environnementales qui le savent capable de quelques indiscrétions quand ça peut aider. L'homme pressé se verrait bien ministre. Selon ses proches, il n'en fait pas mystère. Pas sûr, pour autant, qu'il aurait plus de pouvoir qu'il n’en a aujourd'hui.

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