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Réforme des retraites : qui est Laurent Brun, le leader de la CGT-Cheminots très discret ces derniers mois et qui réapparait avec les grèves dans les transports ?

L'intrus de l'actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l'actualité.

Article rédigé par franceinfo
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Rassemblement devant la gare du Nord à Paris à l'appel de la CGT-Cheminots en présence de Laurent Brun, le 5 novembre 2019.  (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Faire un portrait du  "tonitruant" Laurent Brun, comme beaucoup l'appellent, commence par s'entendre dire, par l'intéressé que ça n'a aucun intérêt. Dans tous les syndicats, il y a souvent ces mêmes scrupules à trop se mettre en avant. Mais le leader de la CGT-Cheminots a expliqué mardi 17 janvier, à franceinfo qu'il était prêt à parler de la mobilisation. Il avait d’ailleurs les éléments sous les yeux.   

"Sur le RER C nous avons 160 déclarations de grève de conducteurs sur 180 prises de service et zéro train prévu sur la branche Versailles Rive gauche", déclare-t-il. "Ce ne sont que des sondages, ce ne sont pas des chiffres globaux", nuance le  secrétaire général de la CGT-Cheminots. "Il n'y a jamais de vrais bons thermomètres à l'avance", ajoute-t-il."Il y a l'annonce des 64 ans mais il y a aussi l'accélération de la réforme Touraine, poursuit-il, il y a tout un tas de salariés proches du départ qui vont devoir faire un, deux, trois trimestres voire un an de plus. C'est 34 000 agents à la SNCF." 

Une fois la mobilisation évoquée, quand franceinfo lui réaffirme que son portrait sera quand même réaliser, il s'est un peu ravisé. "Faites attention quand même hein, dit Laurent Brun, parce qu'il y a parfois eu une confusion avec un autre Laurent Brun qui est aussi cheminot CGT, qui est dans le rugby et joue de la musique !" Ce qui nous a permis d'avoir ces quelques confidences. "C'est un très bon camarade que je connais bien en plus !". "J'aime bien la musique mais je n'en fais pas, lâche-t-il avec un sourire. Je ne suis pas sportif du tout et en plus le sport ne me passionne pas, même en tant que spectateur. Je suis un peu les matchs de rugby en observation, on va dire." 

Plus radical que Trump et Mélenchon

Physiquement c'est simple, quand il sort de rendez-vous par exemple à Matignon avec Philippe Martinez, ils ont la même moustache mais Laurent Brun, est le très grand, costume sombre sur chemise blanche et cravate rouge, comme Donald Trump et Jean-Luc Mélenchon. Laurent Brun est sans doute plus radical. Même plus que le deuxième. Le buste de Lénine trône toujours sur son bureau.

À la mort de Gorbatchev, symbole de l'éclatement de l'Union soviétique, il avait fait un post sur les réseaux sociaux pour dire : "Je ne me réjouirai jamais de la mort de quelqu'un mais je ne pleurerai pas Gorbatchev."  

Fils et petit-fils de cheminots

Le secrétaire général de la CGT-Cheminots a grandi à Lyon. Il a 43 ans. Fils et petit-fils de cheminots. Après un bac S et un an à la face en biologie, il arrête ses études et trouve un boulot de caissier chez Carrefour et un an plus tard, un poste d'agent de mouvement au frêt de la SNCF. On est alors en 2000. Il va passer cinq ans en "production" gare de Lyon Perrache. Ce qui est assez bref et qui lui est parfois reproché. Mais il a l'engagement syndical dans le sang. Il a le souvenir des grandes grèves de 1995, alors qu'il avait 16 ans.  "Et on se serrait la ceinture à la maison", dit-il. Au bout de cinq ans, en 2005 : il devient "permanent syndical" local à la CGT-Cheminots. Il a aussi pris sa carte au PC quand il avait 18 ans.  

Il prend finalement les commandes au niveau national en janvier 2017 lors du 43e congrès de Saint-Malo. Il a alors 37 ans. Son prédécesseur Gilbert Garrel partait en retraite après deux mandats, six ans en tout. 

Depuis, il a quand même à son actif plusieurs très longues grèves. Celle de l'hiver 2019-2020 contre la réforme des retraites version Edouard Philippe (la plus longue en continu devant le conflit de l'hiver 1986-1987) qui a finalement été interrompue, (la réforme), par la crise sanitaire. Il est réputé autoritaire, très directif, très têtu, en clair pas très diplomate et très dur sur le fond.  

Il assure qu'il n'est candidat à la succession de Philippe Martinez

À un moment où Philippe Martinez doit normalement passer la main à la tête de la CGT en mars prochain, beaucoup ont pensé, à tort, qu'il pourrait être le successeur. Il confirme à franceinfo qu'il n’est pas candidat. Ceci dit s'il avait disparu des écrans radars, il concède, dans un sourire, que c'est aussi à cause de cette succession compliquée. "Parce que j'ai beaucoup de sollicitations là-dessus aussi et je déteste les gens qui essayent de faire des congrès à l'extérieur des organisations, lance-t-il. Je ne ferai pas pression sur mes camarades de l'extérieur par médias interposés."

Disons-le, Philippe Martinez et Laurent Brun ne sont pas les meilleurs amis du monde. C'est le moins qu'on puisse dire. Il sait aussi que la CGT-Cheminots est un peu en perte de vitesse même si elle reste aujourd’hui leader dans le secteur avec 32,44% des suffrages aux dernières élections professionnelles en 2019. Ils ont perdu un peu plus de 10 points en 10 ans.

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