Soulèvements de la Terre : qui est Léna Lazare, l’un des rares visages identifiés du collectif d’écologie politique menacé de dissolution ?
Elle est l’une des rares qui s’exprime médiatiquement. À 25 ans, Léna Lazare est l’une des porte-parole des Soulèvements de la Terre. Ce n'est pas la patronne ! C’est un mouvement sans patron que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin cherche à dissoudre depuis la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline fin mars, le collectif avait aussi fait parler de lui après le saccage d’une serre expérimentale à Pont-Saint-Martin ou de sites de Lafarge.
La jeune femme vient de la nature et passe son enfance à déménager de village en village : 13 fois en tout, avec ses parents. Son papa est directeur de cinéma et sa maman au foyer. Elle est toujours en pleine nature, avec donc les balades sur le bord de la mer ou en forêt en compagnie de ses frères et sœurs.
Le traumatisme de Fukushima
Il y a un "choc", c’est elle-même qui l’a décrit ainsi à nos confrères du Monde, c’est le premier de son existence en 2011, elle est en classe de quatrième. La terre tremble au Japon, provoquant un tsunami, avec les conséquences que l’on sait sur la centrale nucléaire de Fukushima. Il se trouve que les meilleurs amis de ses parents sont japonais, qu’elle-même apprend le japonais. Elle lit tout sur cette catastrophe et s’interroge sur l’État considérant que le gouvernement fait passer l’économie avant le bien-être du vivant.
La désobéissance civique, elle s’y met réellement il y a cinq ans. En 2018, le premier mouvement qu’elle fonde s’appelle d’ailleurs "désobéissance écolo". Elle a alors 18 ans. Cette année-là, en Suède, Greta Thunberg, qui en a cinq de moins lance le mouvement Youth for Climate. Ce sont les occupations de lycée pour alerter sur le péril climatique que la française qualifie de crime contre l’humanité. Elle est vite identifiée comme la porte-parole en France du mouvement. Elle explique que sa conscience politique et sa radicalité naissent vraiment à ce moment-là.
Il y a deux ans, en 2021, elle arrête carrément ses études de maths et de physique à la Sorbonne et bifurque vers l'agroécologie en mettant les mains dans la terre avec une formation de responsable d’exploitation agricole à l'école du Breuil. Au même moment, un mouvement paysan entre dans la danse avec "ces Soulèvements de la Terre qui se constituent et dans lesquels elle s'engage aussi. C’est ce qu’elle a raconté il y a quelques jours à l’émission Quotidien sur TMC. "C'est une dynamique qui s'est créée il y a deux ans. C'est un mouvement contre l'agro-industrie et l'artificialisation des terres qui est porté par plus d'une centaine d'organisations, dit-elle. On a un peu la même structure horizontale qu'Extinction Rebellion ou Youth for Climate avec des comités locaux et aussi des assemblées nationales pour décider des prochaines actions."
"Des actions radicales, mais en aucun cas du terrorisme"
Idéologiquement, Léna Lazare comme les autres membres de Youth for climate et des Soulèvements de la terre a un fil conducteur : le combat passe par une dénonciation du capitalisme et du productivisme. Pour autant, elle réfute toute classification à l’ultragauche. "Contrairement à ce que veut dire le gouvernement, on n'est pas un groupuscule d'ultragauche, reprend Léna Lazare. Nous ne sommes pas des écoterroristes. On représente une part large de la société. Ce sont des actions radicales qui peuvent choquer certaines personnes, nous les défendons par rapport à l'urgence de la situation, mais ce n'est en aucun cas du terrorisme. Là, les personnes sont poursuivies pour des destructions de matériel, juridiquement ce n'est pas quelque chose qui est qualifié comme un crime. C'est aussi intéressant de voir que les lois sont aussi régulièrement outrepassées par les grands pollueurs, on a du mal à faire en sorte que ces grandes entreprises polluantes changent."
Ceux qui la connaissent la décrivent comme hyperactive, prêtant main forte à tous les combats locaux, allant de site en site, de Notre-Dame-des-Landes à Sainte-Soline, sans jamais s'arrêter. Elle même reconnaît une réelle "éco-anxiété" et plusieurs burn-out après lesquels elle remonte toujours sur le cheval, poussée sans doute par une petite sœur, ancienne gilet jaune, qui lui rappelle régulièrement qu'elle ne doit pas mollir !
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