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Thomas Jefferson, ce président des États-Unis qui a nourri une passion bénéfique pour les vins de Bordeaux

Tous les week-ends cet été, franceinfo vous emmène à la découverte de "La France secrète". Des anecdotes, des histoires cachées ou mystérieuses, des personnalités étonnantes qui ont marqué ou transformé un lieu.
Article rédigé par franceinfo - Philippe Gloaguen
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A  Washington DC, le mémorial en l'honneur de Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d'Indépendance, 3e président des Etats-Unis.  Jefferson a beaucoup oeuvre pour la reconnaissance des vins de Bordeaux. (PAUL SOUDERS / STONE RF / GETTY IMAGES)

Une nouvelle visite dans ce nouveau numéro de La France secrète, avec Philippe Gloaguen, directeur du Guide du routard. Aujourd’hui, on évoque le souvenir de Thomas Jefferson, ce troisième président des Etats-Unis, qui a beaucoup contribué, avec un talent exceptionnel, à la reconnaissance des vins de Bordeaux. 

Jefferson fut d'abord l'un des rédacteurs incontestés de la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis promulguée en 1776, et aussi troisième président de l'histoire américaine. II débarqua en France en 1785, quatre ans avant la Révolution française, succédant à Benjamin Franklin. Passionné par le vin, il se balada dans pratiquement tous les territoires vinicoles français.

Napoléon III et la classification de 1855

On ne vous en parlerait pas si, 68 ans après, Napoléon Ill n’avait pas ordonné de sélectionner les grands crus bordelais. Ce hit-parade, toujours en vigueur aujourd'hui, s'appellera la classification de 1855. C'était l'année de l'Exposition universelle de Paris. Tout devait être à la hauteur du prestige français, d'autant qu'on attendait l'arrivée de la reine Victoria, dans le Bordelais. Réalisé par la Chambre de Commerce de Bordeaux, ce classement n'inclut que des vins de la rive gauche de la Garonne, qui en dépendaient, et aucun de la rive droite qui étaient gérés par la Chambre de Libourne. Déjà, le lobbying et le chauvinisme existaient. 

Ce choix sévère ne s'était pas fait par dégustation mais à partir du prix des vins qu'ils commercialisaient depuis plusieurs décennies. Le principe était simple : plus c'est cher, meilleur c'est. Le résultat était plutôt biaisé puisque tous les grands rouges venaient du Médoc, à l'exception du Haut-Brion, produit dans les Graves. Pour les blancs, la sélection était encore plus contournée, puisqu'on ne sélectionna que les vins liquoreux, des Sauternes.

Depuis cette époque, cette classification n’a jamais bougé, à l'exception de Château Mouton Rothschild qui est rentré en 1973. Il faut dire qu'à cette date, le président de la République s'appelait Pompidou qui fut administrateur de la banque Rothschild. Ceci expliquant peut-être cela. La qualité exceptionnelle de ce vin n'était d'ailleurs guère contestable.

Thomas Jefferson et le classement des vins de Bordeaux

Bien des années après son séjour en France, on retrouva les carnets de voyage de Thomas Jefferson, notamment dans le Bordelais, en 1787. Homme politique pressé, il ne resta que quatre jours à visiter les domaines de Gironde. Ainsi, il sélectionna quatre grands crus : Margaux, Latour, Haut-Brion et Lafite, et bien d'autres vins moins prestigieux. Et l'on remarqua que sa sélection était rigoureusement la même que celle de 1855. Cet illustre Américain avait eu le talent incroyable de repérer les plus grands vins de Bordeaux, avant tout le monde. Cette classification est toujours de mise encore aujourd'hui. Et n'abusez pas des boissons alcoolisées. C’est vrai que s'enivrer avec de grands crus est vraiment réservé à une élite, disons, fortunée...

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