40 satellites ont été détruits par une tempête solaire
Vendredi 4 février, une tempête géomagnétique a bloqué quarante satellites en mode sécurisé, les empêchant de gagner leur orbite – ils venaient tout juste d’être lancés. Ils ont donc été redirigés vers l’atmosphère où ils se sont désintégrés.
Avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, on évoque aujourd'hui cette tempête solaire qui a conduit, le 4 février dernier, à la destruction de 40 satellites qui venaient tout juste d'être lancés. Un exemple de notre vulnérabilité aux humeurs du Soleil, qui devrait atteindre son maximum d’intensité en 2025.
franceinfo : C’est un accident qui a eu lieu dans l’espace il y a quelques jours, 40 satellites ont été détruits, que s'est-il passé ?
Mathilde Fontez : Ce sont des satellites de l’entreprise SpaceX d’Elon Musk. Ils avaient été lancés le 3 février, pour prendre leur place dans la constellation de satellites Starlink. C’est cette nuée de milliers de satellites que l’entreprise déploie dans l’espace pour former un réseau Internet à l’échelle de la planète.
Sauf qu’une tempête solaire les a empêchés d’atteindre leur orbite définitive. Et ils sont redescendus dans l’atmosphère, où ils se sont désintégrés. SpaceX a annoncé l’échec de cette mission en début de semaine par un communiqué.
Qu’est-ce qui a posé problème ?
Les particules envoyées par le Soleil : parfois, notre étoile entre en éruption. Un jet de matière solaire est propulsé dans l’espace. Et lorsqu’il atteint la Terre, il réagit avec l’atmosphère, et avec le champ magnétique terrestre. C’est ce qui provoque par exemple, les aurores boréales…
Là, l’éruption a eu lieu le 29 janvier. Elle est arrivée sur Terre le 2 février. Et elle a modifié la densité de la haute atmosphère, là où les satellites ont été déposés par la fusée. D’après SpaceX, cela a modifié leur traînée, et ils n’ont pas pu sortir de leur mode "par défaut". Ils sont donc retombés comme des pierres…
C’était déjà arrivé ?
Il y a déjà eu des pannes de satellites, à cause des tempêtes solaires, oui. Pas seulement lors des lancements. Les particules chargées du Soleil peuvent frapper leurs circuits électroniques et provoquer des dégâts – ils sont conçus pour résister à un flux de particules moyen, mais pas à une telle intensité de rayonnement. Ces particules peuvent aussi abîmer leurs panneaux solaires, brouiller leurs communications avec la Terre.
C’est donc l’alerte que lance ce crash : parce que nous sommes plus dépendants que jamais de ces réseaux de communication en orbite. Et des tempêtes solaires, il va y en avoir. Ce n’est que le début : le Soleil suit un cycle de 11 ans et il s’approche en ce moment de son maximum d’intensité, qui devrait être atteint en 2025. Les spécialistes s’attendent à des événements solaires extrêmes dans les prochaines années.
Comment s’en protéger ?
En surveillant le Soleil, pour anticiper les éruptions, et éteindre les satellites quand c’est nécessaire. Voire modifier leur trajectoire. L’Agence spatiale européenne vient de relancer une mission dans ce sens : un satellite d’observation, Vigil, est en train d’être conçu qui sera lancé en orbite pour améliorer cette surveillance solaire…
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