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Bientôt des vaccins à manger ?

Bientôt des vaccins dans notre alimentation ? Sans rire, c’est le projet sur lequel travaille une équipe de l’université de Californie : transformer des plantes comestibles en vaccins à ARN, en insérant l’ARN visé, au cœur des cellules de la plante. De quoi éviter les injections, et surtout la lourde chaîne du froid pour transporter et conserver les vaccins.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des vaccins en salade ? Des chercheurs y travaillent. (Illustration) (TIJANA87 / ISTOCKPHOTO / GETTY IMAGES)

Le billet science du weekend du jour s'intéresse à des recherches qui sont menées aux États-Unis pour réussir à mettre au point des vaccins que l’on mangerait. Les précisions de Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon.

franceinfo : Les vaccins seraient intégrer dans des légumes ?

Ce sont des recherches qui découlent des progrès qui ont été fait grâce au Covid. On le sait, les vaccins ont été mis au point très rapidement : 5 jours seulement après le séquençage du virus, un prototype de vaccin était déjà produit, grâce à la technologie ARN. Eh bien c’est cette technologie, que des chercheurs d’une équipe de l’université de Californie est en train d’essayer de détourner, pour l’insérer, dans des plantes…

L’idée, c’est de faire pousser des vaccins ?

C’est fou mais oui, c’est ça. Les chercheurs américains se sont aperçus qu’on pouvait insérer ces vaccins dans les cellules de plantes. La clé, ce sont les chloroplastes : de petits organes dans les cellules végétales qui convertissent la lumière du Soleil en énergie, que la plante peut utiliser.

Ces chloroplastes peuvent accueillir des gènes qui ne font pas naturellement partie de la plante : on pourrait donc en théorie y insérer un vaccin ARN, et le laisser se multiplier à mesure que la plante pousse. On aurait une sorte de petite usine vivante à vaccin, qu’il suffirait ensuite de manger pour se protéger d’une maladie.

Les chercheurs ont fait des tests ?

Ils commencent. Ils viennent de recevoir une subvention pour tester le concept. Ils ont choisi la salade et l’épinard pour débuter leurs recherches. L’intérêt que pourrait avoir ce nouveau type de vaccin, ce n’est pas seulement de nous épargner les piqûres. C’est surtout de régler les problèmes logistiques des vaccins ARN. Ils doivent être conservés à des températures très basses, on le sait, entre -90 et -15 degrés. Ce qui nécessite une lourde chaîne du froid.

Mais il reste beaucoup de défis avant d’y arriver. L’équipe américaine travaille en ce moment à trouver la bonne technique pour insérer le vaccin dans la cellule de la plante. Il faut le protéger dans une enveloppe – ils font des essais avec des nanoparticules.

Et ensuite, il y aura le défi psychologique ? 

Oui, une injection, c’est déjà parfois difficile à accepter. Alors un vaccin qui prend la forme d’une assiette de salade, ça peut faire un peu peur.

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