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L’ordinateur quantique commence à fonctionner

On ouvre le capot de l’ordinateur quantique d’IBM, qui commence enfin à corriger ses erreurs.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration informatique conceptuelle de circuits électroniques traversés par une lumière bleue, représentant la manière dont les données peuvent être contrôlées et stockées dans un ordinateur quantique. (GETTY IMAGES / ALFRED PASIEKA /SCIENCE PHOTO LIBRARY RF)

Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous parle aujourd'hui de l’ordinateur quantique. Ça fait longtemps qu’on attend cette technologie potentiellement révolutionnaire.

franceinfo : Il semble que là, l’une de ces machines quantiques a franchi un cap ? 

Mathilde Fontez : Oui, l’idée d’un ordinateur quantique, ça ne date pas d’hier : c’est dans les années 1980, que le célèbre physicien américain, Richard Feynman, avait lancé, dans une conférence, qu’on pourrait exploiter les propriétés de la matière à l'échelle de l'atome, pour faire du calcul informatique. Parce que les particules ont un comportement spécifique : par exemple, elles peuvent être dans un état de superposition, ou être liées par deux, par un phénomène qu’on appelle l’intrication. Et en exploitant ça, en fabriquant des qubits à la place de bits, on pourrait calculer plus vite.

Ça a déclenché de nombreux travaux, des ébauches d’ordinateurs quantiques existent aujourd’hui. La plupart des géants de l’électronique se sont lancés dans la course, Microsoft, IBM, Google aussi. Et aujourd’hui, c’est IBM qui fait l’événement, en annonçant que son ordinateur quantique parvient enfin à atténuer ses erreurs.

Les erreurs sont le principal obstacle technique de l’ordinateur quantique ?

C’est considéré comme le plus gros problème, oui. Parce qu’il est difficile de maîtriser les systèmes quantiques – ils sont insaisissables. Les machines quantiques introduisent donc, à chaque cycle de calcul, de l’incertitude. En gros, dans un ordinateur normal, un bit reste tout le temps un 1 ou un 0. Mais dans un ordinateur quantique, ces valeurs peuvent fluctuer, ce qui donne plus de puissance de calcul, mais ce qui est aussi très difficile à maîtriser.

IBM a donc poussé une autre approche : tout simplement, ne pas corriger les erreurs, mais les atténuer, à chaque cycle de calcul. Ils ont fait le test avec leur processeur quantique de 127 qubits, il s’appelle Eagle. Et ils ont montré qu’au final, le résultat est bon, et la vitesse de calcul plus élevée qu’avec un ordinateur classique.

Des ordinateurs quantiques pourraient donc bientôt sortir des labos ? 

C’est même déjà le cas, en suivant cette approche d’IBM : pas besoin de faire un ordinateur quantique parfait, il suffit finalement de maîtriser le niveau d’erreur, le niveau de bruit, comme disent les physiciens. Il y a déjà des ordinateurs quantiques au travail, dans la recherche en médecine par exemple, des laboratoires commencent à les utiliser pour traiter les données.

Dans la pharma, l’entreprise Merck a noué un partenariat avec une start-up quantique pour développer, pour simuler de nouveaux principes actifs, de nouveaux médicaments. Dans la prospection pétrolière (pour trouver de nouveaux gisements), dans les banques (pour améliorer les stratégies de spéculation), dans l’automobile (pour optimiser les process). En fait, l’ordinateur quantique est déjà un peu là.

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