La Terre pourrait survivre au Soleil

Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef du magazine Epsiloon, nous donne un peu d'espoir aujourd'hui quant à la mort programmée de notre Terre, si le Soleil venait à se transformer en géante rouge, dans quelques milliards d'années...

franceinfo : Des astrophysiciens américains ont détecté une planète semblable à la Terre, qui a survécu à la mort de son étoile, est-ce qu'on peut nourrir cet espoir ?

Vincent Nouyrigat : Oui, vous avez peut-être été traumatisé à l’école par votre professeur de physique qui vous annonce que notre planète est vouée à disparaître dans 5 ou 6 milliards d’années : le Soleil va consommer tout son hydrogène, il va gonfler, devenir 100 fois plus gros, se transformer en géante rouge et engloutir, déchiqueter même, la Terre. Bref, la fin du monde expliquée aux enfants. 

Eh bien, ce funeste scénario est peut-être évitable : des chercheurs de l’université de Californie ont détecté à 4000 années-lumière de nous, une planète rocheuse comparable à la Terre, a priori intacte, tournant autour d’un cadavre d’étoile – ce que les chercheurs appellent une naine blanche. 

Mais comment est-ce possible ?  

Les astrophysiciens pensent que, à l’origine, cette planète tournait autour de son étoile à une distance comparable à celle qui sépare actuellement le Soleil de la Terre.  

Mais au fur et à mesure que son étoile vieillissait, brûlait son hydrogène et perdait sa masse, la gravité qu’elle exerçait diminuait. Ce qui a permis à cette planète chanceuse de s’éloigner, et d’échapper à la géante rouge boursouflée – les chercheurs ont observé qu’elle se trouvait désormais à deux fois la distance Soleil - Terre, elle a donc migré. 

Dans notre système solaire, on est à peu près sûrs que Mercure et Vénus ne s’en survivront pas, elles sont trop proches du soleil. Mais les chercheurs se disent maintenant que la Terre, elle, a des chances de s’en sortir !   

Et la vie pourrait persister ? 

Oui, mais pas forcément sur Terre. Il faut rester lucide : dans un milliard d’années, sous la fournaise de la géante rouge en formation, nos océans vont entrer en ébullition et la vie terrestre devrait s’éteindre ici – même si nos très lointains descendants auront peut-être l’occasion de migrer vers les Lunes glacées de Saturne ou Jupiter, qui pourraient à ce moment-là devenir fréquentables.  

Une fois le Soleil mort, transformé en naine blanche, un astre tout petit émettant une très faible lumière blanc bleuté, les choses se compliquent. Mais il y a encore de l’espoir. La lueur blafarde d’une naine blanche serait en effet suffisante pour entretenir la vie dans sa banlieue très proche – à environ 1% de l’actuelle distance Soleil-Terre.

Des Britanniques ont observé il y a deux ans une planète évoluant dans la zone d’habitabilité d’une naine blanche ; des simulations montrent même que des restes de planètes déchiquetées pourraient s’agglomérer et former une nouvelle génération de planètes autour de ces cadavres d’étoiles, des planètes où pourrait prospérer la vie éventuellement. La fin du monde n’est peut-être pas si triste…