Le billet sciences du week-end. De grands bateaux porte-conteneurs au gaz naturel liquéfié
Le CMA CGM "Champs Élysées", 400 mètres de long sur 61 de large, est propulsé au gaz naturel liquéfié. Ce navire français est arrivé samedi 5 décembre au port de Dunkerque.
C’est un évènement qui a lieu en ce moment même à Dunkerque : le plus grand bateau au monde propulsé au gaz naturel liquide y fait escale. Et il est français.
Des habitants qui souffrent du soufre
Si vous lisez cette chronique sur votre smartphone ou encore si vous êtes en train d’acheter vos jouets de Noël, il y a de fortes chances pour qu’ils vous soient parvenus par un des 5 000 porte-conteneurs naviguant à travers le monde, car 95% des marchandises sont transportées par bateaux. Ce qui veut dire beaucoup d’émissions, notamment de soufre, qui seraient la cause de 50 000 décès prématurés par an en Europe.
Une des solutions adoptées par CMA CGM – et c’est une première mondiale – sur ce porte-conteneurs de 400 mètres de long, nommé le Champs-Élysées, passe par le gaz naturel liquéfié (G.N.L.).
L’utilisation du GNL permet de réduire de 99% les émissions d’oxyde de soufre […] et de 91% les particules fines.
Xavier Leclercq, directeur général délégué CMA CGM
20% de CO2 en moins, c’est un progrès significatif pour les 50 000 gros navires marchands qui émettent plus d’un milliard de tonnes de C02 par an, et environ 4% des gaz à effet de serre. Le défi est de stocker ce carburant à bord, sous forme liquide, à –160°C, qui, sous forme gazeuse, occuperait 800 fois plus de volume.
"Le gaz qui arrive est déjà sous forme liquide, précise Xavier Leclercq. Par contre, il est revaporisé pour pouvoir alimenter le moteur. C’est un immense thermos qui a une grande capacité isolante."
Cette solution pourrait bien inspirer d’autres armateurs en adaptant leurs moteurs comme on le fait pour les voitures au GPL. Il faut toutefois installer des cuves conçues par une autre société française GTT, leader dans ce domaine.
La green technology au service du maritime
Si la France veut garder sa place dans le monde maritime, très concurrentiel, il faut innover notamment dans la green technology, celle qui fait le lien entre économie et écologie.
On a une ambition de sortir un feeder – un navire de petite taille – à zéro émission d’ici trois à quatre ans.
Xavier Leclercq, directeur général délégué CMA CGM
Pour cela, il faut non seulement travailler sur les nouvelles énergies comme l’hydrogène, mais il faudrait alors le maintenir à une température inférieure à – 250°C ! Des énergies alternatives progressent également, comme celles imaginées par l’agence VPLP, de l’architecte naval Marc Van Peteghem, sur son nouveau bateau équipé d’ailes gigantesques pour transporter les fusées Ariane.
On peut également travailler sur la forme des bateaux, souvent inspirée de la nature, qui offre moins de résistance à l’eau. Sans oublier l’optimisation des hélices et des moteurs, dont le bruit, par ailleurs, perturbe la faune aquatique. Mais c’est aussi une question de société où l’on importe toujours plus de produits, sans se soucier des conséquences locales environnementales et sociales.
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