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On a enfin réussi à peser la Voie lactée

La Voie lactée est beaucoup moins lourde que prévu. Elle serait quatre à cinq fois plus petite que ce que les scientifiques avaient calculé.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Voie lactée dans le ciel de la Nouvelle-Zélande. (SARAWUT / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon nous explique aujourd'hui que la Voie Lactée a enfin été pesée. Et les récentes données, récoltées par le satellite Gaia de l'ESA, ont surpris bon nombre de physiciens et de chercheurs.

franceinfo : La surprise, c'est que notre Voie lactée, aussi appelée Galaxie, est beaucoup moins lourde que prévu. Expliquez-nous… 

Hervé Poirier : 409.000 milliards de milliards de milliards de milliards de kilos, l’équivalent de 206 milliards de Soleil : voilà, finalement, la masse de notre Voie Lactée. Et oui, c’est 4 à 5 fois moins que les précédentes évaluations.

Comment cela a-t-il été mesuré ?

Par une méthode indirecte – on ne peut pas mettre notre Galaxie sur une balance. Le principe : plus un corps est massif, plus les objets qui gravitent autour ont une vitesse élevée – sinon, ils finissent par lui tomber dessus. Sauf qu’autant il est assez facile de mesurer ces rotations dans les autres galaxies, autant c’est compliqué pour la nôtre.

Difficile de distinguer les mouvements et les distances, alors que nous sommes plongés à l’intérieur de la Voie Lactée. Mais le télescope Gaia a patiemment collecté depuis 10 ans les trajectoires de 1,8 milliard d’étoiles. Ce qui permet aujourd’hui de déduire de façon précise, et certaine, la masse de notre monde. 

Mais que penser alors de cette valeur fortement revue à la baisse ? 

Franchement, c’est bizarre. Notre Galaxie est très légère comparée aux autres. Mais il y a plus bizarre encore. Dans toutes les autres galaxies spirales, la vitesse de rotation des étoiles est à peu près constante, aussi éloignées soient-elles du centre. C’est ce qui a poussé les astrophysiciens, dès les années 70, à supposer l’existence d’une "matière noire", invisible et massive, 6 fois plus abondante que la matière classique, qui forme un halo autour des galaxies.

Or, ce n’est pas ce qui se passe dans notre bonne vieille Voie lactée : elles tournent moins vite en périphérie. Comme si, par chez nous, il y avait trois fois moins de matière noire qu’ailleurs. Bon, après tout, pourquoi pas. Notre Voie lactée pourrait avoir eu une vie particulièrement paisible, avec très peu de collisions, ce qui expliquerait ces bizarreries.

Mais les physiciens n’aiment pas cela. Ils n’aiment pas devoir supposer que nous vivons dans un endroit singulier, et s’appuyer sur des modèles valables partout, sauf ici. Ils commencent donc à se demander si on ne s’est pas trompé dans les mesures des autres galaxies. Ou s’il n’y a pas autre chose qui cloche. C’est très excitant : on n’a jamais connu aussi bien notre monde. Mais on n’a jamais aussi peu compris ce qu'il s’y passe… 

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