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Voici comment naissent les fleurs

L’apparition d’une fleur au bout d’une tige : ce moment, ô combien poétique et merveilleux, reste un incroyable casse-tête scientifique. Une équipe de généticiens vient de comprendre comment se déclenche ce phénomène qui a changé la couleur du monde.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le merveilleux de l'éclosion d'une fleur : une équipe de botanistes vient de le comprendre. (Illustration) (ZENSHUI/LAURENCE MOUTON / PHOTOALTO / GETTY IMAGES)

Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous parle aujourd'hui d’un moment singulier et merveilleux dans l’histoire du monde : l’apparition des fleurs.

franceinfo : Ça y est, au niveau génétique, on a compris ce miracle de l'éclosion des fleurs ? Expliquez-nous…

Hervé Poirier : Ce miracle a eu lieu, il y a 130, 150 ou 200 millions d’années – on ne sait pas trop – peut-être en Chine, on ne sait pas trop non plus. Mais on sait qu’à un moment, à un endroit, une plante a produit une fleur. Et que toutes les plantes à fleurs d’aujourd’hui sont issues de ce moment ô combien poétique, ô combien merveilleux, qui restait cependant une énigme. Que s’était-il donc passé ? 

En conjuguant des expériences de génétique végétale, des analyses bio-informatiques et de l’imagerie par cryo-microscopie électronique, une équipe de botanistes, menée par François Parcy, du laboratoire de physiologie cellulaire et végétale de Grenoble, vient de le comprendre. Cela faisait 25 ans que François Parcy se posait la question. Et il nous l’a confié : pour lui, cette étude est un accomplissement.

Et alors, que s’est-il passé pour que naisse la première fleur ?

Tout s’est joué dans l’union entre deux protéines. La première est une star de la botanique, connue justement pour pouvoir activer tout un tas de gènes liés l’apparition des fleurs. La seconde était beaucoup plus mystérieuse – elle est même baptisée UFO (OVNI en français).

On pensait que son rôle était de détruire les protéines avec lesquelles elles s’apparient. Mais non ! Son rôle principal, en fait, est d’amener la première protéine en des endroits du génome qui lui resteraient sinon inatteignables. Ce qui permet de déclencher des gènes essentiels à la floraison – les chercheurs ont littéralement vu au microscope ces deux protéines s’associer.

C’est vrai pour le pétunia, le riz, la tomate, pour toutes les plantes à fleurs, ainsi, très probablement que pour leur ancêtre : il faut que ces deux protéines s’associent pour que jaillissent les pétales.

Avec la botanique, cela devient rapidement compliqué ? 

Oui. Pour les chercheurs, ça a été compliqué d’isoler cette rencontre séminale, parmi la multitude de gènes, de molécules et d’activations en jeu. Mais pour l’abeille qui butine le pollen, pour le singe qui mange le fruit, pour les amoureux qui offrent une fleur, ce fut un événement absolument merveilleux. Cette rencontre entre deux protéines a changé la face du monde. En tout cas, sa couleur.

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