COP29 : l'aide promise aux pays du Sud est deux fois moins importante qu'espérée

Les pays développés se sont engagés dimanche à Bakou à financer davantage les pays pauvres menacés par le changement climatique, au terme d'une chaotique conférence de l'ONU en Azerbaïdjan dont le monde en développement repart déçu.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le logo de la COP29 lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan, le 21 novembre 2024. (STRINGER / AFP)

La COP29, sommet mondial sur le climat, a accouché, dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 novembre, d’un accord aux forceps. Trois cents milliards de dollars d’aide ont été promis aux pays du Sud, mais ces derniers jugent l’accord très décevant. 

Si cette somme représente un triplement de l’aide existante jusqu’ici, ces 300 milliards annuels sont, à leurs yeux, insuffisants. Les pays en développement, notamment les États africains et insulaires, réclamaient, sur la base de rapports d’experts, au moins le double. Cet argent doit à la fois leur permettre de s’adapter au réchauffement climatique, de faire face aux inondations et aux sécheresses, mais aussi d’investir dans les énergies bas carbone. Cependant, ces pays doivent également consacrer des ressources à leur développement économique, à l’éducation et à la santé. Ainsi, certains États ont annoncé qu’ils auraient un calendrier moins ambitieux pour sortir des énergies fossiles.

C’est une autre déception de cette COP29. Il aurait dû être question d’approfondir la feuille de route pour abandonner les énergies fossiles, comme cela avait été promis à Dubaï en 2023, mais cela n’a pas été fait. De nombreux observateurs ont dénoncé le manque de leadership et de volonté de la présidence azerbaïdjanaise.

Compenser ses émissions de CO2

L’accord final a tout de même le mérite d’exister. Il montre que le multilatéralisme reste vivant, comme l’a souligné Laurence Tubiana, l’architecte de l’Accord de Paris. Par ailleurs, des avancées ont été réalisées pour clarifier le marché des crédits carbone prévu à l’article six de l’Accord de Paris. Ce système permet à un pollueur de compenser partiellement ses propres émissions de CO2 en finançant, par exemple, la protection des forêts ou la construction de centrales solaires dans d’autres pays. Bien qu’imparfait, ce mécanisme ouvre une voie supplémentaire pour financer des projets de décarbonation dans les pays en développement.

Lors de la COP 30 au Brésil l'an prochain, pour garantir la poursuite du dialogue Nord-Sud, les pays développés devront donner des gages concrets. Cela implique de nouvelles feuilles de route ambitieuses pour réduire leurs émissions de carbone, mais aussi la mise en place d’outils concrets pour assurer le versement de l’aide promise, qui devra être complétée par des financements privés ou des taxes. Le chef de l’ONU Climat l’a rappelé : cet accord financier est une police d’assurance pour l’humanité, mais il ne fonctionnera que si les primes sont payées à temps.

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