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Environnement : 60% de bio dans l'agriculture mondiale, c'est possible

C'est une nouvelle étude sur la part du bio dans l'agriculture mondiale que signent des chercheurs français. Les besoins en azote limitent cette part à 60%, sans mise en culture de nouvelles terres et en maintenant la sécurité alimentaire. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des céréales bio.  (THIERRY COLIN / FRANCE-BLEU SUD LORRAINE)

L'agriculture bio peut-elle nourrir la planète ? Les chercheurs sont divisés sur cette question depuis des années mais une nouvelle étude de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) montre que l’on peut monter cette part à 60% de l’agriculture mondiale. L’agriculture biologique ne peut pas utiliser d’engrais azotés de synthèse. Pourtant, les plantes ont besoin d’azote pour pousser. Ces chercheurs de l’Inrae et de Bordeaux Sciences agro se sont penchés sur cette question précise dans l’étude qu’ils publient dans la revue Nature. Ils estiment qu’il faut garder un minimum d’élevage pour avoir du fumier et des cultures légumineuses, comme des pois, pour capter l’azote de l’air. Mais vu la disponibilité de l’azote naturel, cela limitera le développement de l’agriculture biologique à 60% dans la part de l’agriculture mondiale. 

Certains de leurs collègues, dans une étude de 2017, tablaient sur 100% de bio possible en 2050. Eux ont regardé les conditions actuelles de l’agriculture mondiale, sans mettre en culture de nouvelles terres pour compenser la perte de rendement du bio. Cultiver en bio peut faire perdre entre 5 et 30% de rendement selon les productions et les conditions agronomiques. Mais pour les chercheurs, mieux vaut éviter de déforester l’Amazonie ou le bassin du Congo pour compenser cette perte. Sinon, les avantages environnementaux et climatiques de la bio n'existeront plus. 

Réduire le gaspillage et les calories dans l'assiette

Diminuer les protéines animales pour des protéines végétales permet de convertir des terres dédiées à l'alimentation animale à celles des humains. Mais pas question de devenir pour autant tous végétariens, puisqu’il faut selon leur modèle garder une part d’élevage pour avoir le fumier qui fait l’engrais naturel des cultures. En revanche, comme pour d'autres études sur le sujet, 60% de bio n’est pas possible non plus sans de gros efforts pour réduire au moins de moitié le gaspillage alimentaire, selon les chercheurs.

En passant notre régime alimentaire de 3 000 kilocalories en moyenne par jour et par habitant dans les pays développés à 2 200 kilocalories. Cela laissera aussi de la marge aux pays en proie à des problèmes de sous nutrition comme en Afrique d’augmenter les calories dans leur régime alimentaire. L’augmentation du bio ne mettra donc pas en péril la sécurité alimentaire mondiale, selon ces chercheurs, tout en apportant des bénéfices pour le climat, la biodiversité, la santé en limitant la pollution des sols et de l’eau.

Il reste à explorer les conséquences de la pollution des pesticides utilisés en bio, comme le souffre ou la bouillie bordelaise, si elle venait à prendre une plus grande part. Aujourd’hui, le bio ne représente en effet que 1% des surfaces cultivées dans le monde (6% en France), cela laisse donc de la marge.  

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