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Environnement : halte aux cairns, ces petits tas de cailloux qui dégradent les milieux naturels

Cela semble anodin, pourtant les cairns, ces empilements de cailloux sur le bord des sentiers, sont en train de devenir une véritable mode. Au point de provoquer de réels dommages aux écosystèmes.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des cairns sur l'île de Bréhat (Côtes-d'Armor). (ERIC LE BEC / MAXPPP)

Pour ceux qui ne connaissent pas le mot, le cairn vient du celtique karn qui veut dire "tas de pierres". On en trouve partout dans le monde, en montagne, sur le littoral, près des cours d’eau, des glaciers, ou dans le désert, le plus souvent au sol mais aussi dans les arbustes quand le maquis est trop dense. Et même, paraît-il, au milieu de l’eau, dans les pays nordiques où ils aident à la navigation.

Un petit caillou, vous vous dites que ce n'est pas un drame et que cela rendra service aux autres randonneurs pour repérer le sentier en cas de brouillard. Sauf qu'aujourd’hui, le but est surtout de les poster en photo sur les réseaux sociaux : nous avons trouvé sur Instagram 2,3 millions de publications avec le hashtag #cairns, #rockbalancing (équilibre de pierres) 160 000 #rockstacking (empilement de pierres), etc. D’où le cri d’alarme lancé notamment par le Parc national des Calanques au début de l’été.

En fait, ces pierres sont là pour protéger le sol qui se retrouve à nu face à l’érosion et à la houle qui coup attaque même la roche mère. Au-delà de ça, c’est tout un écosystème qu’on dérange dans les Calanques, comme par exemple une plante à petites fleurs blanches, la sabline de Provence, qui ne pousse que dans les éboulis calcaires entre Toulon et Marseille, et qui est donc protégée. Côté animal, un scorpion à pattes jaunes, et deux petits lézards, la tarente de Maurétanie et l’hémidactyle verruqueux, vivent dans ces pierres.

Autre dommage que pointent les responsables des Calanques : le cairn, quand il devient vraiment énorme, amène les randonneurs à piétiner d’autres arbustes, à côté du sentier qui avait été tracé précisément pour les épargner.

Une amende de 135 à 1 500 euros

De plus en plus d’associations écologistes les démontent. C’est le cas en Bretagne à Camaret-sur-Mer ou encore à Tenerife aux Canaries. À la pointe du Van sur la presqu’île de Crozon, où c’était devenu très inquiétant en 2016, la communauté de commune a carrément mis en place des espaces dédiés pour que les familles puissent construire leurs petits cairns avec un stock limité de cailloux. Et manifestement, le phénomène a beaucoup régressé.

Il y a des amendes pour les pierres, comme pour le sable ou les coquillages par exemple. Dans les parc nationaux, ce sont des amendes à 135 euros. Sur les plages, depuis 2011, glaner des galets, du sable ou des coquillages vides peut coûter jusqu’à 1 500 euros d’amende – c’est l’article L321-8 du Code de l’environnement – s’il y a "risque de compromettre l’intégrité des plages, dunes, falaises, marais." En réalité, le vrai risque concerne surtout la revente de sable sur internet. Quant aux coquillages vivants, le mieux, avant d'en ramasser, est de vous renseigner auprès des mairies. Ne sont pas concernés le bois flotté, les os de seiche, les algues ou les éponges – ce qu’on appelle la laisse de mer, ramenée par les marées.

Maintenant, quitte à utiliser Instagram, les Calanques de Marseille vous recommandent de lancer d’autres hashtags comme #stopcairn, ou #leavenotrace. Quelques dizaines d'utilisations pour l'instant, mais il faut un début à tout.

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