Fusion nucléaire : huit ans de retard et des milliards de surcoûts pour le projet international de réacteur Iter

Le projet de réacteur expérimental international de fusion nucléaire Iter, qui vise à révolutionner la production d'énergie, victime de malfaçons, aura un retard d'au moins huit ans pour sa première étape cruciale.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'institut de recherche sur l'énergie atomique de Cadarache, dans les Boûches-du-Rhône, le 11 juin 2024. (AEROVISTA LUCHTFOTOGRAFIE / ANP MAG)

C'est l'un des projets scientifiques les plus ambitieux du moment, mais il va prendre beaucoup de retard. À Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, le réacteur expérimental international de fusion nucléaire Iter n'entrera pas en service en 2025. Les responsables du chantier annoncent, mercredi 3 juillet, un retard d'au moins neuf ans.

Iter, il faut le rappeler, est un projet pharaonique. Il implique 35 pays et pas seulement ceux de l'Union européenne, il y a aussi les États-Unis, La Russie, L'Inde ou la Chine. Des puissances aux intérêts divergents, mais dont les scientifiques s'unissent dans une quête aussi complexe qu'incertaine : maîtriser la fusion nucléaire. Autrement dit, maîtriser le processus physique à l’œuvre dans les étoiles comme notre Soleil. Cette source d'énergie fait rêver, car elle permettrait de produire de l'électricité, quasiment en continu, sans déchets radioactifs à vie longue et surtout sans émissions de CO2. Pour y parvenir, les chercheurs construisent depuis 2010 ce réacteur expérimental.

Le chantier a déjà connu des retards. Un nouveau calendrier vient donc d'être présenté. Le premier plasma devait être produit en 2025, ce sera finalement 2034. Neuf ans de retard donc pour cette première étape scientifique. Un retard qui est lié la pandémie de Covid, mais aussi à des défauts de fabrication sur des composants essentiels.

Du retard aussi pour atteindre la pleine puissance magnétique 

Ce retard doit se réduire progressivement. Tout l'enjeu, c'est de contrôler le plasma, une sorte de gaz qui sera chauffé à plus 150 millions de degrés, 10 fois la température du cœur du soleil. Tout cela se passe dans ce que l'on appelle un Tokamak, une machine en forme de donuts, où le plasma est contenu avec des bobines magnétiques et où se produit la fusion nucléaire. La pleine puissance magnétique devrait être atteinte en 2036 et non 2033. Ces différents retards entraînent évidemment un surcoût, difficile à chiffrer, mais la facture pourrait s'alourdir de cinq milliards d'euros, à comparer aux plus de 20 milliards déjà engagés.

 En attendant, d'autres projets sont en cours pour maîtriser la fusion nucléaire. Aux États-Unis notamment où des scientifiques ont annoncé une percée majeure en 2022. Pour la première fois, ils sont parvenus à produire davantage d'énergie que celle utilisée pour le fonctionnnement de la machine. La technologie développée par ce laboratoire situé en Californie est différente de celle de Cadarache, puisqu'il s'agit de lasers utilisés pour entraîner le processus de fusion. Cela reste là aussi à l'état expérimental. Le directeur du projet ITER le reconnaît, pour le moment, il ne faut pas compter sur la fusion nucléaire pour lutter contre le dérèglement climatique.

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