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Le billet vert. La bataille de l'ours s'invite en politique

Des agriculteurs, dont des éleveurs, ont été reçus mardi à Pau dans les Pyrénées-Atlantiques par le président de la République. Ensemble ils ont évoqué la question sensible des ours.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Réintroduction d'un ours femelle dans une montagne des Pyrénées-Atlantiques, le 5 octobre 2018. (AFP)

Emmanuel Macron lors de sa visite à Pau mardi 14 février a promis aux présidents des Chambres d'agriculture de la région qu'il n'y aurait pas de nouvelle introduction d'ours. La situation est de plus en plus tendue entre les éleveurs et le plantigrade.

Les éleveurs estiment que 1 500 bêtes ont été tuées par l'ours l'an dernier. La relation avec l'État est pour eux rompue. Des éleveurs en colère empêchent les agents de l'État de mener leur enquête sur le terrain et là où la situation est la plus compliquée, c'est en Ariège où des brebis effrayées sont tombées quatre fois du haut de falaises. Un crève coeur pour leurs éleveurs dont la vie n'est pas facile. À deux mois des municipales, Emmanuel Macron est donc venu leur rappeler ce que le gouvernement avait déjà annoncé il y a six mois, il n'y aura pas de nouvelle réintroduction de l'animal.

La situation s'est envenimée en 20 ans, date de la première réintroduction d'ours

Le gouvernement a réintroduit deux ours femelles slovènes dans le Béarn il y a deux ans : Claverina et Sorita. Cette dernière a même donné naissance à deux oursons. L'espèce dans cette zone menaçait de disparaître complètement puisqu'il n'y avait plus que des mâles. La France devait aussi remplir son obligation européenne en matière de protection de l'ours. Il y a actuellement plus d'une quarantaine de plantigrades dans le massif mais leur survie n'est pas gagnée pour autant. Nous avons réussi à les éradiquer en moins d'un siècle, il faut du temps avant de considérer que l'espèce est de nouveau viable. En plus le cheptel des éleveurs a aussi augmenté, notamment en Ariège, et qui dit plus d'ours, plus de brebis, dit plus de probabilité de rencontre.

Réintroduire des ours pour rééquilibrer le cycle de la vie

Certains vous diront c'est bon pour le tourisme, d'autres vous parlerons de raison éthique : qu'ils étaient là avant nous. Des scientifiques travaillent aussi sur le rôle de ces top prédateurs, c'est à dire en haut de la chaîne alimentaire dans la nature : les faire disparaître, cela peut avoir des conséquences en cascade qui se retournent aussi contre nous : avec la prolifération de leur proie, des maladies, la nature et tous ces services sont déséquilibrées dans son cycle de l'eau, de sa capacité à stocker notre CO2 aussi dans le sol. Si Emmanuel macron est venu rappeler des arguments aux éleveurs qui eux votent contrairement aux ours, on attend de voir s'il prend aussi la parole pour défendre des espèces animales ou végétales alors que s'ouvre une année décisive pour la défense de la biodiversité. Avec notamment la négociation d'un accord international sur le sujet l'automne prochain en Chine.

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