Le billet vert. La filière bio est-elle vraiment la nouvelle poule aux œufs d’or ?
La croissance du bio est en plein boom. Le nombre de conversions explose chaque année. Mais c’est encore un marché fragile qui dépend des aides publiques, et de la fidélité des consommateurs.
Aujourd’hui, un agriculteur sur 10 en France fait du bio. Et l'Agence bio qui fait la promotion du secteur estime qu’on devrait compter 46 000 exploitations dans les statistiques de 2019 qui seront publiées d’ici quelques mois. En 2018, 6 600 fermes sont passées à l’agriculture bio, un record et qui devrait se répéter sur 2019.
Ce qui marche fort dans le bio ce sont les œufs, qui pèsent 30% du marché, et le vin. Les deux tiers des surfaces sont consacrées au fourrage pour nourrir les animaux. Mais on trouve aussi beaucoup de céréales.
Un marché fragile
Mais le secteur est dépendant de plusieurs facteurs. D’abords les consommateurs. D’après le baromètre de l’Agence bio, ils sont de plus en plus nombreux à acheter bio. Mais des chercheurs de l’institut du développement durable estiment que le rapport entre le prix élevé et la plus-value peut freiner le phénomène. Ensuite, la démocratisation du marché avec l’arrivée de la grande distribution qui menace l’équilibre des prix. Le marché du bio repose sur un bénéfice plus élevé. Si les grands distributeurs importent moins cher ou négocient serré avec les producteurs, le modèle peut être ébranlé.
D’autant que le système des aides a été reformé en 2018. L’État ne verse plus de primes pour le soutien des exploitations. C’est le marché qui doit réguler. L’argent ne cible plus que les conversions, et une enveloppe de 200 millions par an est considérée comme insuffisante pour accompagner la croissance du secteur.
Le plan de développement du gouvernement dans le domaine ne devrait pas être atteint. Il avait tablé sur 15% des surfaces converties en bio en 2022. Dans un rapport critiqué par la filière, les sénateurs estiment que cela n’aura pas lieu avant 2026.
Les incertitudes sur la PAC pèsent aussi sur le bio
Il y a deux inquiétudes. Les montants de la politique agricole commune devraient être réduits avec le départ de la Grande-Bretagne. Et le bio pourrait entrer en concurrence avec un nouveau label. Pour faire évoluer progressivement l’agriculture, certaines pratiques considérées à "haute valeur environnementales" pourraient profiter de l’enveloppe. La fédération du bio perçoit cela comme une forme de concurrence.
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