Le billet vert. La France vient de s'accorder plus de droits à polluer pour les années à venir
L’an passé, la France a rejeté 445 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Sur les cinq ans à venir, les rejets auraient dû passer sous la barre des 400.
Alors que l’environnement est une priorité affichée du gouvernement, la France vient de s’accorder plus de droits à polluer pour les années à venir. La consultation publique de ce que l’on appelle la stratégie bas carbone se termine mercredi 19 février. Et elle prévoit plus de souplesse dans les rejets de gaz à effet de serre.
La stratégie bas carbone, c’est la feuille de route de la France en matière d’émission de gaz à effet de serre. Elle définit les objectifs et les moyens. Son point d’arrivée est tout tracé : elle doit conduire la France à la neutralité carbone d’ici 2050.
Elle est réévaluée tous les cinq ans. On en est à la deuxième mouture. Et dans cette nouvelle stratégie bas carbone, le gouvernement a décidé de lever le pied sur le frein en matière de rejets de gaz à effet de serre. Les émissions pour les années à venir seront donc plus importantes qu’initialement prévu. L’an passé, la France a rejeté 445 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Sur les cinq ans à venir, les rejets auraient dû passer sous la barre des 400. Ils seront en fait au-dessus de cette limite. Sachant que la France n’arrive pas encore à respecter ses propres limites. Les précédents plafonds de pollution depuis 2015 ont été dépassés.
Des difficultés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Les résultats sont nettement moins bons que prévu pour les grands émetteurs. En France, le transport représente un tiers des émissions, l'industrie du bâtiment représente un cinquième et l’agriculture également. Ils ont tous augmenté leurs émissions. À cause d’un trafic plus important et de rejets toujours trop élevés pour les voitures et à cause du rythme insuffisant dans le chantier des rénovations. Au final la France réduit ses rejets. Mais pas assez vite. Le rythme est de 1% sur les dernières années alors qu’il devrait être au moins de 6% pour la neutralité carbone en 2050.
Le gouvernement réduit ses ambitions
C’est un principe de "sincérité" et de "réalisme", estime le gouvernement. Il faut encore du temps pour manœuvrer en profondeur. Le Haut conseil pour le climat s’était opposé à cette stratégie. Elle est par ailleurs, bien sûr, fortement critiquée par les organisations de défense de l’environnement. Elles y voient la preuve du manque de sincérité dans la politique gouvernementale et doutent de la capacité à rattraper le temps perdu. Elles considèrent que c’est un affaiblissement du rôle moteur de la France dans le renforcement des ambitions à l‘échelle de la planète, indispensables cette année pour sauver les accords de Paris.
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