Le billet vert. Prendre l'avion, est-ce toujours ce qu'il y a de pire pour le climat ?
À cause d’un règlement européen, certains avions de ligne continuent de décoller et de polluer alors qu’ils sont à peine remplis en raison du coronavirus.
À cause du coronavirus, les États-Unis ont décidé de suspendre les voyages depuis l'Europe. Mais cela ne veut pas dire que les avions ne décolleront plus. Ils volent à vide pour garder leurs créneaux dans les aéroports. Une hérésie économique et écologique que l'Europe a décidé d'arrêter.
Les hérésies écologiques et économiques sont en général les plus simples à stopper parce qu'un puissant secteur comme l'aérien explique qu'une règle alourdit son bilan carbone. Faire voler un avion coûte cher aux compagnies, surtout s'il n'y a pas de passagers à bord parce que les États-Unis n'en veulent plus, et brûler du kérosène c'est émettre beaucoup de CO2. Mais le secteur aérien est aujourd'hui vent debout contre la phrase : "C'est le mode de transport le plus polluant". Pourtant, selon l’Agence européenne pour l’environnement, l’avion émet cinq fois plus de grammes de CO2 que la voiture et dix fois plus que le train, par passager et par km parcouru. L’agence européenne vient d’être priée de reprendre ses calculs par le secteur aérien.
Paris-Lyon dans un avion complet ou Paris Lyon en SUV, même combat
Dans certaines circonstances très précises, l'avion n'émettrait pas plus que la voiture. Clément Fournier, ancien de l'école des Mines sur le site Youmatter a repris les calculs de l’agence européenne pour nous faire comprendre que si on fait un Paris-Lyon par exemple dans un petit avion complet occupé par 130 passagers, finalement on n’émettra pas plus de CO2 que si on a pris tout seul une grosse voiture pour faire le même trajet, même si elle est neuve. Le succès des SUV a augmenté les émissions moyennes de CO2 de nos voitures. Et si en plus vous vous êtes retrouvés bloqués dans les embouteillages sur l’A6, votre bilan carbone en voiture sera même pire qu’en avion, estime-t-il. Il précise toutefois qu'on ne compte que les émissions du trajet, pas celles pour fabriquer l'avion, le carburant. Il évoque également les effets des traînées de condensation des avions dans le ciel, qui feraient comme un couvercle sur notre atmosphère et renforceraient le réchauffement. Mais les études scientifiques ne sont pas encore assez précises sur cet impact du secteur aérien sur le climat.
La question du taux d'occupation en avion, comme en voiture
En fait pour calculer le bilan carbone de son voyage, il faut se poser la question du taux d'occupation de la voiture et de l'avion. Un commercial tout seul dans son SUV émettra plus qu’une famille de quatre personnes qui fait le même trajet. Mais on peut vite faire baisser les émissions de son transport en voiture alors qu’on maîtrise beaucoup moins le taux d’occupation de l’avion. D'ailleurs, connaît-on bien ces taux d'occupation ? Les compagnies aériennes affirment qu’elles remplissent leurs appareils à 85%, question de rentabilité. Pourtant, la crise du coronavirus met au jour certaines pratiques du secteur pas vraiment économes en énergie. Elles doivent parfois occuper une liaison pour la garder ou par obligation pour désenclaver un territoire, même s’il n’y a pas ou peu de passagers à bord. C’est le cas en France par exemple, pour des vols entre Limoges et Paris. Le taux d’occupation est en moyenne de 50%. Pour le climat c’est mieux de le faire en Blablacar même si ça peut être plus long. Sinon, il y a le train.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.