Prix nobel de médecine : au-delà du Covid-19, l'ARN messager suscite de nombreux espoirs dans le traitement des maladies
Le prix Nobel de médecine a été attribué, lundi 2 octobre, à un duo de chercheurs pour leurs travaux sur l'ARN messager, mais à leurs débuts, ces deux scientifiques ont longtemps travaillé dans l’ombre. La biochimiste hongroise, Katalin Kariko, et le médecin américain Drew Weissman ont su développer les étapes décisives qui ont mené au vaccin contre le coronavirus il y a trois ans. Avant cela, il y a eu 30 ans de recherche, de patience et il leur a fallu de l'acharnement pour obtenir des financements lors de leur rencontre à l'université de Pennsylvanie dans les années 90, car à ce moment-là ce sont les travaux sur l’ADN, et non pas sur l’ARN qui sont valorisés
Éduquer notre système immunitaire
L’ADN, ce sont nos gènes, l’ARN lui est un messager intermédiaire, entre nos gènes et les protéines que nous fabriquons. En gros l'ARN transporte les recettes des protéines, de notre génome vers les cellules. Dès son arrivée aux États-Unis en 1985, la Hongroise Katalin Kariko est convaincue qu’il est possible de détourner le mécanisme de l’ARN messager pour éduquer notre système immunitaire, et lui apprendre à faire face à des virus. Problème, au départ, les injections d’ARN messager déclenchent des réactions inflammatoires dangereuses. Mais en 2005, Katalin Kariko et Drew Weissman publient des travaux décisifs. Ils ont réussi à rendre l’ARN messager plus acceptable par l’organisme en modifiant de façon très subtile la structure de l'ARN messager.
Plus tard en 2015, ils franchissent une nouvelle étape, en facilitant l'entrée de l'ARN dans les cellules.
La technologie devient mature. Les milliards de dollars investis ensuite, au moment de la pandémie de Covid-19, notamment par les laboratoires Pfizer BioNTech et Moderna, ont permis ensuite de transformer l’essai menant au vaccin à ARN. Cette technologie de l'ARN messager est d’ailleurs prometteuse bien au-delà de la vaccination contre le Covid.
Vers une médecine personnalisée
L'espoir est désormais de mettre au point des vaccins à ARN messager contre la grippe, le sida, la dengue, l'herpès, et d'autres maladies infectieuses. Et comme un ARN messager peut aussi fabriquer des protéines qui soignent, cette technologie ouvre aussi des portes pour traiter certains cancers du pancréas ou des mélanomes par exemple. Elle pourrait aussi être utile dans le traitement des maladies génétiques. Plusieurs dizaines d'essais cliniques sont en cours.
Cette technologie permettra d’avancer plus vite vers une médecine personnalisée.
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