Quatre ans après sa publication, l'"International Journal of Antimicrobial Agents" invalide l'étude de Didier Raoult sur l’hydroxychloroquine
L'invalidation de l'étude sur l’hydroxychloroquine met fin à plus de quatre ans de polémiques scientifiques. Le monde entier entrait en 2019 dans une période trouble : celle de la pandémie de Covid-19, qui paralyse des pays entiers et impose le confinement à bon nombre de citoyens. Toutefois, le 20 mars 2020, trois jours après le début du premier confinement en France, Didier Raoult, alors a la tête de l'Institut hospitalo-universitaire de Marseille, publie avec 17 de ses collègues, des travaux indiquant que l’hydroxychloroquine, substance dérivée d’un médicament contre le paludisme, est efficace contre le Covid-19, en association avec un antibiotique.
Ses travaux soulèvent immédiatement beaucoup d’espoirs, créant un emballement autour de cette molécule, y compris à l’international. Emballement relayé à tort par des personnalités comme Donald Trump aux États-Unis ou Jair Bolsonaro au Brésil.
Des critiques méthodologiques anciennes
Très rapidement, beaucoup de critiques s'élèvent, de nombreux scientifiques pointent des erreurs méthodologiques, notamment dans le choix des patients, ou l'absence de groupe témoin, ainsi que des problèmes éthiques de non-respect des règles de la recherche. Finalement après la mise en place d’études plus rigoureuses, l’inefficacité de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 est finalement démontrée. Pire, il apparaît même que des effets indésirables, ont pu mettre en danger certains patients.
On comprend donc pourquoi bon nombre de scientifiques regrettent que la revue qui avait publié l'article ne se rétracte que maintenant, d'autant que les critiques méthodologiques sont anciennes, et ont été largement confirmées depuis par les enquêtes des autorités sanitaires. En octobre 2024, Didier Raoult, bien que retraité, avait d’ailleurs été symboliquement interdit d'exercice par l'ordre des médecins pour avoir fait la promotion d'un traitement insuffisamment éprouvé.
La société Francaise de Pharmacologie et de Therapeutique a donc effectivement salué,mardi 17 décembre, la reconnaissance “tardive” mais “essentielle” d’une dérive scientifique. "Cette étude a constitué la pierre angulaire d’un scandale mondial, écrivent ces médecins, la promotion de ses résultats a conduit à la prescription abusive de l’hydroxychloroquine à des millions de patients, et à une prise de risque inutiles”.
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