Syndrome d'auto-brasserie : qu'est-ce que ce phénomène où le système digestif produit naturellement de l'alcool ?
Un automobiliste belge poursuivi pour état d’ivresse, alors qu’il n’avait pas bu, vient d’être relaxé pour motif médical. Il est en fait atteint d’un syndrome très rare : le phénomène d’auto-brasserie. Cet homme de 40 ans s’est retrouvé, lundi 22 avril devant le tribunal de police de Bruges pour conduite en état d’ivresse, pourtant il assurait ne pas avoir bu une seule goutte d’alcool.
Trois médecins lui ont permis de prouver devant la justice qu’il était en fait atteint du "syndrome de fermentation intestinale" qu’on appelle aussi "syndrome d’auto-brasserie". Avec ce syndrome, même sans consommer d’alcool, le système digestif produit naturellement de l'éthanol suite à la fermentation d’aliments riches en glucides. Dans certains cas, l’alcoolémie peut grimper jusqu’à trois ou quatre grammes par litre, ce qui équivaut à la consommation de trois bouteilles de vin.
Pourquoi le système digestif se met-il à produire cet alcool ? À la lumière de quelques dizaines de cas rapportés à travers le monde depuis 50 ans, les médecins avancent plusieurs explications. La première consiste en un déséquilibre du microbiote intestinal avec la présence de bactéries,levures ou champignons particuliers qui favorisent l’excès de fermentation. Cela peut parfois faire suite à un traitement médical mal toléré. Autre explication, la possibilité que des maladies sous-jacentes, comme le diabète, ou la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire du tube digestif, puissent favoriser ce phénomène.
Le patient belge en question suit désormais un régime pauvre en glucides, pour limiter les conséquences de cette autofermentation alcoolique qui, outre l'état d'ébriété, a des conséquences néfastes pour le foie. Cette histoire témoigne encore une fois de l’influence très forte de notre microbiote sur la santé et de certaines caractéristiques très personnelles !
Le rôle du microbiote intestinal
Notre microbiote, le kilo de bactéries, champignons, virus qui habite nos intestins nous est propre et joue un rôle important, bien au-delà de la digestion. Il peut ainsi influencer le sommeil, l’humeur, le poids, ou certaines maladies, y compris des maladies du cerveau. Ces mécanismes sont encore mal connus, et c'est pour cela que plusieurs instituts de recherche français, dont l’Inserm, ont entrepris de cartographier les bactéries intestinales de 100 000 Français. Quelque 24 000 Français se sont déjà inscrits à ce programme de recherche participative et il est toujours possible de le faire. Pour participer : tous les détails se trouvent sur lefrenchgut.fr.
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