Troubles de l'attention : à l'école, des chercheurs recommandent de répartir les enfants en groupes selon leur mois de naissance

Dans une même classe, plus un enfant est jeune, plus il risque d'être diagnostiqué pour des troubles de l'attention ou du langage. Les chercheurs du groupement Epi-Phare plaident pour que le système scolaire et les médecins intègrent que chaque mois compte au début de la vie.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Parmi 4,5 millions d'enfants de cinq à dix ans scolarisés en France, presque 1% d'entre eux prennent des médicaments contre les troubles de l'attention et l'hyperactivité, selon l'étude du groupement Epi-Phare. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Dans une même classe, les enfants les plus jeunes sont trop souvent diagnostiqués pour des troubles de l'attention ou du langage. C'est le résultat d'une étude du groupement Epi-Phare, qui rassemble l'Agence du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie, publiée jeudi 20 juin. Les élèves, selon leur mois de naissance, sont trop, ou pas assez pris en charge. 


Cette étude porte sur plus de 4,5 millions d'enfants de cinq à dix ans et scolarisés en France. Parmi eux, presque 1% prennent des médicaments contre les troubles de l'attention et l'hyperactivité et 16% sont pris en charge par un orthophoniste. Dans une même classe, plus l'enfant est jeune, plus il risque d'être diagnostiqué pour ces difficultés. Comparons deux élèves de CE1 : le premier est né au mois de janvier, le second un peu plus jeune, né en février, a davantage de risque de débuter un traitement pour les troubles de l'attention. Et le chiffre grimpe au fil des mois de naissance (mars, avril, mai, juin etc...), jusqu'à 55% de risque supplémentaire pour les natifs de décembre. La même tendance est observée pour les prescriptions d'orthophonie.

"Un biais de diagnostic"

Il n'y a pourtant aucun rapport direct entre le mois de naissance et ces troubles, naître en décembre ne cause évidemment pas d'hyperactivité ou de difficulté d'élocution. Les auteurs évoquent plutôt un "biais" et des erreurs de diagnostic. Les enfants nés en fin d'année sont plus jeunes, moins développés avec une "moindre maturation neurologique", selon l'étude. Ils peuvent donc être considérés comme "en retard" sur leurs camarades, et davantage susceptibles d'être envoyés chez l'orthophoniste ou, plus grave, diagnostiqués hyperactif avec des traitements inutiles. Par exemple la Ritaline et ses effets secondaires, dont les troubles du sommeil et de la croissance. À l'inverse, les enfants de début d'année, eux, risquent d'être sous-diagnostiqués et de ne pas être pris en charge.

Quelles solutions ?

Pour corriger ce biais, le système scolaire et les médecins doivent intégrer que chaque mois compte au début de la vie. Dans une même classe, certains ont vécu presque un an de plus que leurs camarades, ce n'est pas rien quand on a seulement six ans. L'étude recommande donc d'assouplir la date d'entrée à l'école, de répartir les enfants en groupes selon leur mois de naissance, de mieux préparer les plus jeunes avant les rentrées et, plus généralement, de rendre le système scolaire plus flexible.

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