Une balade en poussette pour mesurer la pollution de l'air à Anvers
Quel air respirent nos enfants quand ils sont dans leur poussette ? C’est l’expérience que mènent des chercheurs de l’université d’Anvers en Belgique pour mieux analyser la pollution du trafic routier.
La recherche ne se passe pas toujours dans un laboratoire. Deux étudiantes de l’université d’Anvers se promènent depuis cette semaine avec une poussette dans les rues de la ville. Bien sanglée à l'intérieur, une poupée prénommée Claire. Et ce n'est pas par hasard puisque c'est l'acronoyme choisi pour Clean Air for Everyone. Il s'agit d'une poupée équipée de capteurs pour mesurer toutes les dix secondes la pollution de l’air : les particules, les oxydes d’azote, la suie mais aussi des données météo et de localisation. Ces deux étudiantes doivent faire chaque jour une boucle de 7,5 km à travers la ville portuaire du nord de la Belgique, où le trafic routier est très dense.
La pollution du trafic routier en question
Le professeur Roeland Samson, du département de bio ingénierie de l’université d'Anvers, a eu l'idée de cette expérience. Il souhaite vérifier comment un bébé, avec des poumons en formation, est exposé à la pollution de l’air quand il est dans sa poussette. Une expérience qu’avait déjà faite il y a dix ans, à petite échelle, une association française à Aix-en-Provence avec une poussette sans poupée mais avec capteurs. Elle avait relevé des taux de polluants plus élevés près des travaux ou sur les grandes artères que près des écoles où la vitesse est ralentie.
À Anvers, le protocole est plus serré et le professeur Samson a même lancé un appel à des volontaires : parents, grands-parents pour emmener chaque jour, le bébé Claire en balade dans la ville jusqu’au mois de novembre. Il publiera ensuite les résultats de cette expérience de sciences participatives sur le site de l’université.
Anvers, 2e ville pour la mortalité liée à la pollution de l'air
Le professeur Samson veut notamment tester l’exposition dans les rues sans voitures, ou celles où la vitesse est réduite. Anvers est une grosse ville portuaire avec beaucoup de circulation de camions notamment. Il n’y a pas que les oxydes d’azote ou les particules qui sortent des pots d’échappement mais aussi celles qui sont remises en suspension sur la route.
Il faut dire que le professeur a été surpris de voir les conclusions du rapport du Lancet Planetary Health. Le document passe en revue les données sur la mortalité induite par la pollution de l’air dans près d’un millier de villes en Europe. Si les particules sont encore un gros problème dans les villes de la vallée du Pô en Italie, les gaz toxiques qui sortent des diesels, comme les oxydes d’azote, ont classé Anvers au deuxième rang des villes les plus polluées derrière Madrid. Paris est 4e. La ville qui s’en sort le mieux est Tromso, tout au nord de la Norvège.
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