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Une grande étude lancée pour sonder nos intestins, notre deuxième cerveau

Notre microbiome intestinal intéresse les chercheurs de l'Inrae et de l'AP-HP. Ils comptent faire appel à 100 000 Français pour échantilloner de façon représentative les bactéries qui peuplent nos intestins. Une façon de mieux comprendre notre deuxième cerveau.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Représentation des intestins humains. (DE AGOSTINI PICTURE LIBRARY)

Ce n’est pas pour rien que l’on appelle notre ventre, ou plutôt notre intestin, notre deuxième cerveau. Vous avez sans doute déjà ressenti le stress vous prendre aux tripes ou encore le chagrin qui vous empêche de manger. Notre intestin est peuplé de 40 000 milliards de bactéries, sans parler des virus, champignons, et autres microbes. Tout un écosystème qui joue un rôle essentiel dans notre équilibre physique et psychique. Ce microbiote compte près de 300 espèces et il peut varier en fonction de notre alimentation, de notre mode de vie : celui d’un Américain n’est pas forcément le même que celui d’un Japonais.

C’est pourquoi les chercheurs de l'Institut national de la recherche en agriculture, alimentation et environnement (Inrae) et de l'AP-HP feront appel dès ce printemps aux bonnes volontés, prêtes à faire un don de selles pour les aider à échantillonner les microbiotes des Français (le microbiote correspond à l'ensemble des micro-organismes peuplant un microbiome). Ce projet appelé French Gut, souhaite avoir une image représentative des bactéries qui nous peuplent  en fonction de l'âge, du sexe, du lieu de vie de sujets sains mais aussi de sujets avec des problèmes de santé.  

Un lien direct entre cerveau et intestin

Le long de notre tube digestif, il y a 200 millions de neurones. Notre ventre et notre cerveau sont connectés par un nerf; le nerf vague, qui transmet tout de suite l’information entre les deux. Des chercheurs français de l’Inserm viennent d'ailleurs de mettre en évidence un lien intéressant entre intestin et dépression. Ils ont vu qu’ils pouvaient transmettre la maladie d’une souris déprimée à une autre parfaitement saine par simple transfert de microbiote. Mais ils ont surtout vu qu’ils pouvaient la soigner avec des molécules produites par les bactéries intestinales. De simples compléments alimentaires vont ensuite permettre la production de sérotonine. Cette hormone des émotions nous redonne le moral. Un espoir pour les 30% de patients dépressifs qui ne réagissent pas bien aux médicaments comme le Prozac. 

Notre microbiome est comme un écosystème dont la diversité des espèces garantit la bonne santé. On peut voir aussi notre intestin comme une usine où l'on extrait l’énergie et les vitamines issues de notre alimentation surtout quand il y a des fibres. Mais quand il manque des ouvriers dans cette usine, certaines fonctions de notre corps se dérèglent, y compris notre système immunitaire. Joël Doré, directeur de recherche à l’Inrae travaille depuis 35 ans sur ces bactéries.

Il est épaté par l’amélioration des connaissances sur ces bacteries. Grâce à elles, on arrive à déterminer si un patient réagira bien à une chimiothérapie, si un régime alimentaire suffira chez certains patients obèses ou s'ils auront aussi besoin d'un coup de pouce médicamenteux. Pour lui, cela ouvre la voie à des thérapies pour soigner les grandes maladies chroniques de notre époque comme le cancer, l'obésité, le diabète. Même si le Covid-19 nous a rappelé qu'il ne fallait pas oublier les maladies infectieuses.  

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