Comment la bourse de Paris peut-elle réagir à une éventuelle censure du gouvernement ?
La réaction des marchés a été plutôt calme, alors que la clôture de la Bourse de Paris a eu lieu après l’activation du 49.3. La séance a en effet terminé à un niveau stable, lundi 2 novembre 2024, tout comme ailleurs en Europe. Les investisseurs estiment avoir suffisamment anticipé et attendent de voir si le gouvernement Barnier va réellement être censuré et renversé. Les jeux restent donc ouverts.
À long terme, les marchés financiers sont-ils toutefois en danger ? Les marchés financiers, ce sont les actions à la bourse, mais aussi les taux d’intérêt auxquels nous remboursons notre dette. C’est l’indicateur le plus important. Quand la Bourse – donc les actions – baisse, c’est de l’argent qui ne fait que se déplacer. Dans le doute, les actionnaires retirent alors leur mise et la mettent au chaud sur d’autres placements. La Bourse plonge, certes, mais l’argent n’est pas perdu pour tout le monde. Pour ce qui est des taux d’intérêt, les conséquences sont autrement plus lourdes, car la moindre variation modifie le coût de remboursement de notre dette souveraine. Ce n'est plus de l'argent privé, mais de l'argent public.
Un taux d'emprunt en forte augmentation
Concrètement, dès l’annonce du Premier ministre à l’Assemblée lundi, l’écart entre les taux d’emprunt de la France et de l’Allemagne a fortement augmenté, pour creuser encore plus l’écart qui sépare Berlin et Paris. Imaginez-vous emprunteur : vous allez voir votre banquier pour obtenir un crédit immobilier ou autre, et à l’heure où nous parlons, c’est comme si, sur une échéance de remboursement à dix ans, vous empruntiez au taux de 2,92%. C'est le prix de notre dette aujourd'hui : 2,92% à dix ans. L'Allemagne est à 2,04%, pratiquement 1 point de base de moins, 0.88 exactement.
Or, un point de différence de taux, ce sont trois milliards de plus par an. Sur dix ans, cela fait donc 30 milliards de plus pour rembourser notre dette. Une situation intenable si nous ne décidons pas de réduire drastiquement la dépense publique à travers de sévères réformes. C’est l’héritage auquel est confrontée la France aujourd’hui, que ce soit Michel Barnier, ou un autre, à Matignon.
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