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Emploi : pourquoi l’intérim est-il en train de tomber en pleine déprime ?

Le secteur du travail temporaire voit son activité baisser depuis le début de l’année. Finie, visiblement, l’embellie constatée l’année dernière. Pour l'instant, le repli est limité mais la tendance risque de s'installer dans la durée.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une femme regarde les annonces d'offres de travail temporaire d'une agence d'intérim. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

Selon Prism’Emploi, la Fédération des entreprises du travail temporaire, l’emploi intérimaire a représenté 740 000 postes équivalents temps plein (ETP) sur les quatre premiers mois de l’année 2023. Il s'agit d'une baisse de près de 3% par rapport à la même période de l’année dernière. Ce qui fait quelque 20 000 postes équivalents temps plein de moins sur un an. Et selon l'organisme, cette tendance baissière devrait se confirmer avec les chiffres attendus pour mai et juin.

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L’emploi intérimaire est souvent considéré comme une boussole du marché de l’emploi. Est-ce à dire que l’activité économique ralentit ? En réalité, tout tourne autour des incertitudes liées à l’évolution de la croissance. 2022 avait marqué une reprise et cette année les acteurs sont plus que prudents : ils parlent des "défis" qui se présentent pour les prochains mois. Et tous les secteurs sont concernés. Seule l’industrie connaît une légère progression du travail temporaire depuis janvier. Toutes les autres activités sont en recul.

Il y a, à cela, plusieurs explications. Conjoncturelles d’abord : avec l’inflation, les branches les plus touchées sont celles directement liées à la consommation des ménages, dont le commerce où l’intérim baisse de 9%. Et structurelles ensuite - et c’est un grand paradoxe à l’heure de la réindustrialisation que nos responsables politiques et économiques invoquent à tours de bras : il y a un déficit de formation.

Notre marché de l’emploi n’arrive pas à suivre

La France connaît une crise de compétences. Nous subissons aujourd’hui les errements de ces trente dernières années, alors même que l’activité repart. Les entreprises cherchent à recruter et ne trouvent pas les personnes qualifiées. Le taux de chômage est déjà à un niveau très bas autour de 7% en France (ce dernier score remonte à 2008). Nous pourrions faire encore mieux, mais cela bloque au moment où l’économie est en pleine mutation. Transitions énergétiques et numériques, renforcement de la filière nucléaire, passage de la voiture thermique à la voiture électrique, etc. Tous ces métiers demandent de nouvelles compétences qui tardent à arriver sur le marché.

Les salaires font également partie de la panoplie des solutions pour attirer vers les nouveaux métiers. Mais la formation est le point central. Formation tout au long de la vie, cela s’appelle la formation continue pour adapter les salariés aux nouveaux besoins, et qui remet nos aînés au cœur du dispositif. Le tuilage entre jeunes et anciens, cela renvoie au débat sur l’emploi des seniors. La solidarité intergénérationnelle dans laquelle le travail intérimaire a aussi un rôle à jouer.

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