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Le brief éco. Croissance européenne, Bruno Le Maire tire l’oreille de l’Allemagne

Bruno Le Maire veut que l’Allemagne fasse plus sur le plan économique en investissant et en augmentant les salaires. Le ministre français de l'Économie et des Finances pense que l'Allemagne n'aide pas suffisamment ses partenaires européens.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des finances aux chantiers STX à Saint Nazaire (Loire-Atlentique), le 28 septembre 2017. (LOIC VENANCE / AFP)

Bruno Le Maire veut que l’Allemagne fasse plus sur le plan économique en investissant et en augmentant les salaires. Dans un entretien à l’hebdomadaire allemand "Die Zeitpublié mercredi 10 janvier, le ministre français de l'Économie et des Finances tire l'oreille de Berlin qui, selon lui, n'aide pas suffisamment ses partenaires européens.

Il s'agit en fait juste d'une mise au point comme il s’en produit souvent dans le couple moteur de l’économie européenne. Tout couple qui se respecte doit se partager les tâches, alors que dit concrètement Bruno Le Maire ? La France fait des efforts pour réformer son économie et attend de l’Allemagne qu’elle se joigne au mouvement, en menant une politique salariale plus offensive et en investissant plus.

Deux points précis : investissements et salaires

Ce n’est pas nouveau, l’Allemagne est accusée de vendre beaucoup ses produits à l’étranger et de ne pas acheter assez les produits de ses partenaires européens. L’excédent commercial allemand se situe entre 230 et 250 milliards d’euros (l’Allemagne exporte plus qu’elle n’importe), alors que le commerce extérieur de la France est déficitaire de 60 milliards d’euros (la France importe plus qu’elle n’exporte). Et l’Allemagne ne cartonne pas uniquement à l’export : vendredi 12 janvier, le pays va annoncer un excédent budgétaire (finances publiques) de dix milliards d’euros.

Des excédents qui mériteraient d'être mieux répartis

L’Allemagne doit profiter de sa solide situation pour investir dans l’innovation, la recherche, les infrastructures, redistribuer une partie de ses richesses dans les hausses de salaires pour que les Allemands consomment plus, achètent plus, et importent plus. Ce n’est pas pour rien que le puissant syndicat de la métallurgie allemande, IG Metall, vient d’engager un bras de fer social pour obtenir des hausses de salaires de 6%.


Il y a un autre souci, c'est le taux d’épargne qui est très élevé en zone euro et particulièrement en Allemagne. Une épargne que Berlin préfère investir à l’extérieur de la zone euro où elle voit plus de moteurs de croissance. L’Allemagne est logique avec elle-même mais elle grippe la machine à croissance au sein de l’UE.

Bruno Le Maire joue le calendrier

Le ministre français de l’Économie frappe au moment opportun car Angela Merkel a beaucoup de difficultés à former une coalition gouvernementale solide après les élections législatives il y a trois mois. Et l’ambiance sociale est tendue outre-Rhin.


Les sociaux-démocrates du SPD, adversaires de Merkel, plaident pour davantage d'investissements et un soutien financier aux classes moyennes, alors que les démocrates-chrétiens CDU et CSU, pro Merkel, sont plus réservés sur la question.


Bruno Le Maire veut faire passer le message que les choses doivent changer, par solidarité européenne. C’est ce que l’on appelle le fédéralisme européen qui manque décidément. Cela serait un comble si une nouvelle crise de croissance en zone euro était déclenchée par le principal moteur économique du Vieux Continent, à savoir l’Allemagne.

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