Le brief éco. EDF : vers une scission pour mieux privatiser ?
Les salariés d’EDF sont appelés à faire grève et se mobiliser, jeudi 19 septembre, pour protester contre le projet de réorganisation de l’entreprise. Ce dernier prévoit une scission d’EDF, et beaucoup y voient une étape supplémentaire vers la privatisation.
Les salariés d’EDF sont appelés à faire grève et se mobiliser, jeudi 19 septembre, pour protester contre le projet de réorganisation de l’entreprise. Ce dernier prévoit une scission d’EDF, et beaucoup y voient une étape supplémentaire vers la privatisation.
Baptisé "Hercule", ce projet répond aux exigences de Bruxelles dans le cadre de l’ouverture du secteur à la concurrence. "Hercule" créerait d’un côté un "EDF bleu" regroupant les activités de production d’énergie (le nucléaire, les barrages hydroélectriques, notamment) ; de l’autre, un "EDF vert" chargé de la commercialisation autour d’Enedis (qui s’occupe de la gestion du réseau de distribution), EDF Renouvelables, les activités d’EDF en Outre-mer et en Corse. L’entité "bleue" serait détenue à 100% par l’Etat et la "verte" serait introduite en bourse à hauteur de 35%.
Privatisation larvée ?
Les syndicats dénoncent ce qu’ils appellent "un projet financier". C’est la scission de l’entreprise qui inquiète. Certes, l’activité production resterait détenue en intégralité par l’État, mais la partie commerciale serait ouverte à des opérateurs privés. Une aubaine pour les concurrents alternatifs. Les syndicats et certains observateurs extérieurs y voient la cession au marché des activités qui ont des revenus garantis. En gros : "On privatise les gains (la partie commerciale) et on nationalise les pertes". La dette d’EDF approche aujourd’hui 40 milliards d’euros, voire plus du double si on additionne les emprunts obligataires, sans compter les 100 milliards à réunir d'ici 2030 pour entretenir le parc nucléaire.
Vers des prix de l’électricité en hausse ?
C’est l’autre point qui fâche : la menace d’augmentation des prix pour le client final car, en échange de la scission et de l’ouverture au privé de l’activité commercialisation, EDF pourrait demander à la Commission européenne de relever le prix auquel il revend une partie de son électricité à ses concurrents (de 42 euros par mégawatt/heure, EDF pourrait demander 45 euros).
Bercy veut rassurer
Par l’intermédiaire du ministère de l’Économie et des Finances, l’État actionnaire assure qu’aucune décision n’est prise pour l’instant concernant une éventuelle réorganisation et qu'EDF restera un fleuron national de l'énergie. Le patron de l’électricien, Jean-Bernard Lévy, a jusqu’à la fin de l’année pour faire des propositions, ce qui permettra de clarifier un dossier encore très imprécis sur bien des points dont la répartition des emplois et la gouvernance générale.
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