Le brief éco. La vigilance de Bruxelles sur les investissements étrangers en Europe
Bruxelles réagit face à la multiplication de rachats d’entreprises en Europe par des investisseurs étrangers.
La Commission européenne va regarder de plus près les investissements étrangers réalisés en Europe. Bruxelles réagit face à la multiplication de rachats d’entreprises sur le vieux continent, et annonce des mesures pour l’automne. La Chine, dont la France est la première cible, est particulièrement visée.
Une très forte hausse des investissements chinois
Paris, Berlin et Rome ont récemment lancé une alerte. La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, dit avoir entendu les inquiétudes des entrepreneurs au sujet de ces investisseurs étrangers, pour l’essentiel des sociétés souvent détenues par des États prenant le contrôle d’entreprises européennes dotées de technologies clés.
Depuis 2015, nous devons faire face à un véritable assaut. Un chiffre illustre la situation : en seulement deux ans, les investissements directs chinois en Europe (IDE) ont gonflé de 90% pour approcher 40 milliards d'euros. En France, la Chine a racheté l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le groupe Fosun possède le Club Méditerranée. On sait depuis vendredi qu’une grande compagnie d’assurance chinoise veut racheter le groupe français COFACE, leader mondial de l’assurance-crédit qui assurait jusqu’au début de l’année la garantie des crédits à l’export au nom de l’État français.
Une marche arrière difficile à enclencher
C’est toute la difficulté de l’exercice : comment modérer les ardeurs de Pékin tout en restant diplomate, puisque certaines alliances sont stratégiques pour plusieurs entreprises françaises. Renault vient de créer une nouvelle entreprise avec le groupe Dongfeng pour développer en Chine des véhicules électriques. Les actionnaires d’Air France-KLM ont donné leur feu vert pour accueillir au capital la compagnie China Eastern Airlines, étape stratégique majeure pour le développement de la compagnie franco-néerlandaise.
Le marché intérieur chinois se normalise et Pékin pousse ses entreprises à aller chercher ailleurs d’autres ressources stratégiques.
La "Nouvelle route de la soie"
En mai dernier, Pékin a lancé le plan "Made in China" 2025, le projet de "Nouvelle route de la soie" pour renforcer le commerce avec l’Europe. Bruxelles a lancé un "oui, mais...". D'abord, il faudrait que ces prises de participations soient réciproques à 100%. Or, la Chine freine beaucoup de projets étrangers. Il s'agit aussi de contrôler les investissements stratégiques, mais en veillant à le faire entre Européens, pour éviter une nouvelle fois l’inefficacité d’initiatives divisées, atomisées, entre les pays membres.
Rendez-vous à l’automne pour savoir ce que l’Europe compte faire, sans tomber dans le protectionnisme que ses partenaires commerciaux lui reprocheraient rapidement.
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