Le brief éco. Grèves, quel coût pour l’économie française ?
Grève à la SNCF, pays et économie perturbés... Peut-on réellement chiffrer l’impact d’un tel mouvement sur l’économie globale du pays ?
La question du coût des grèves sur l’activité économique revient systématiquement à chaque conflit, et les économistes sont bien embêtés pour répondre concrètement pour la simple et bonne raison qu’aucunes grèves ne se ressemblent, par leur forme, leur ampleur et leur durée. Comme l'explique Denis Ferrand, le directeur général de l'Institut de conjoncture Coe-Rexecode, ce type de mouvement est "rétif" au chiffrage.
Cette grève prévue pour durer trois mois arrive à un moment où surgissent quelques interrogations sur la croissance économique générale (incertitudes géopolitiques internationales, l’insaisissable Donald Trump, etc.). En France, le moral des ménages a un peu baissé au premier trimestre (hausse de CSG pour les cadres moyens et les retraités). Il ne faudrait pas que la machine s'enraye.
Le précédent de la grande grève de 1995
La grande grève de 1995 avait duré trois semaines entières, du 24 novembre au 15 décembre. C’était il y a 23 ans, on a aujourd’hui le recul nécessaire pour en tirer quelques conclusions. L’économie nationale a perdu à l’époque 0,2 points de croissance du PIB (entre 4 et 5 milliards d’euros). Mais il y avait eu un phénomène cumulatif : la grève de 1995 est arrivée un mois après une hausse de la TVA décidée par le gouvernement Juppé (+2%) qui avait freiné la consommation des ménages. On ne sait pas chiffrer précisément l'impact à part entière de la grande mobilisation de l'époque.
Certains secteurs plus touchés
De manière générale, l’impact des grèves se ressent plus sur le blocage du système de production (désorganisation de la chaîne de valeurs) que sur une perte d’activité réelle, exception faite de secteurs comme l'hôtellerie ou le tourisme : les réservations sont déjà en baisse pour les prochains mois.
Et puis il y a le fret ferroviaire. Le fait que les containers ne roulent pas affecte directement l’approvisionnement des entreprises. Dans certains cas, les pertes ne sont pas recouvrables. Une entreprise, un commerçant qui ne reçoit pas sa marchandise ne peut pas satisfaire son client. C’est une perte sèche et directe. Mais ces dernières années, le fret ferroviaire a beaucoup baissé au profit du transport routier (privé) qui continue de fonctionner pendant les grèves, ce qui limite l’impact sur l’activité. Les plus touchées par le dysfonctionnement du fret ferroviaire sont notamment la livraison de voitures et l’industrie lourde (matières premières volumineuses), pas les services.
A partir du 3 avril, la première entreprise concernée, c’est la SNCF : chaque jour de grève lui coûte 20 millions d'euros. La société n'a vraiment pas besoin de cela au moment où la concurrence arrive.
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