Le brief éco. La neutralité d’internet menacée aux Etats-Unis... et en Europe ?
L’autorité fédérale américaine des télécom pourrait abroger un décret qui oblige les opérateurs du net à l'égalité de traitement des flux de données qui transitent par le réseau.
Les règles du fonctionnement d’internet pourraient bientôt changer aux Etats-Unis. L’autorité fédérale américaine des télécom s’apprête à abroger un texte qui oblige les opérateurs du net à traiter de manière équitable les contenus qui circulent sur le web.
C'est ce que l'on appelle la "net neutrality", ou la "neutralité d‘internet", qui vise à garantir aux internautes l’accès à l’ensemble des contenus avec la même rapidité et la même qualité. Le concept est né aux Etats-Unis au tournant des années 2000 et a rebondi en 2015 avec un décret de Barack Obama. Concrètement, il s'agit de garantir l’égalité de traitement de tous les flux de données. Il interdit par exemple aux fournisseurs de haut débit de facturer davantage leurs clients pour accéder plus vite à certains contenus. Une pratique appelée "paiement prioritaire".
Une victoire pour les géants industriels
Plus que Google et Amazon, la fin de ce système serait une victoire évidente pour des groupes comme AT&T, Verizon ou Comcast. Ces géants américains de la communication disent que la net-neutralité freine leur activité et les dissuade d’investir.
On imagine bien Donald Trump à la manœuvre qui, en abrogeant le décret de son prédécesseur Obama, défend les intérêts des sociétés américaines. Et puis, surtout, écorne sérieusement le principe de régulation de l’industrie. En gros : définissons quelques codes de bonne conduite – mais pas trop – puis laissons le consommateur décider qui gagne ou perd en faisant jouer la concurrence.
Ce n'est pas qu’une affaire de gros sous. Les transactions sur internet, ce ne sont pas uniquement l’achat de livres, de cadeaux de Noël, de pièces détachées pour la voiture ou les derniers vêtements à la mode. Le net, ce sont aussi la production culturelle, les contenus éducatifs pour les écoles, les relations médecins-patients... Une véritable valeur ajoutée intellectuelle et humaine qu'il convient de sauvegarder mais dont Donald Trump semble très peu se soucier.
L’Europe peut-elle être touchée ?
L’Europe en général, et la France en particulier ? Le régulateur français (l’Arcep), et son homologue au niveau européen (le Berec) ont mis en place des garde-fous qui permettent de sanctionner les opérateurs qui ne respectent pas les règles, mais tout en leur laissant une liberté suffisante pour se développer, comme internet a pu lui-même voir le jour. Un bon équilibre. Et il n’y a pas de raison que les règles changent de ce côté-ci de l’Atlantique. D’autant plus que les jeux ne sont pas faits aux Etats-Unis. Pour l’instant ce n’est qu’un projet d’abrogation. Un vote est prévu le 14 décembre prochain.
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