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Le brief éco. Peut-on réussir le pari de la voiture électrique ?

Le président Emmanuel Macron a annoncé mardi un vaste plan de soutien à l'industrie automobile, durement touchée par la crise du coronavirus. L'Etat veut favoriser la filière des véhicules électriques et hybrides.



Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pictogramme d'une voiture électrique sur un emplacement dédié à ce type de véhicule qui peut y être rechargé. (FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

Bonus de 7 000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique, 2 000 euros pour un hybride rechargeable. Le plan de soutien à l’industrie automobile présenté par le président de la République, Emmanuel Macron, mise sur la voiture propre. Est-ce que le pari de la voiture électrique est, aujourd’hui, réellement maîtrisé ? Regardons les volumes, mais ceux d’avant l’apparition du Covid-19 qui a brouillé les cartes ces deux derniers mois : en février, les voitures électriques représentaient 6% du total des nouvelles immatriculations en France. En février 2019, on était aux alentours de 2%. Pour les hybrides rechargeables, le chiffre est moins important.

Si le marché progresse, la tension est forte du côté des bornes de recharges qui restent un vrai casse-tête pour les utilisateurs de voitures électriques : le réseau français est peu développé, beaucoup de bornes sont hors service ou défaillantes, etc. Une prime peut déclencher l’acte d’achat de la part du consommateur mais il faut que toute l’infrastructure environnante suive.

C’est un défi également pour les équipementiers qui voient leur production touchée : le moteur d’une voiture thermique est composé de 200 à 250 pièces. Un moteur électrique n’en nécessite que 50. Cela fait une sacrée différence pour les fabricants de pièces détachées.

De l’électrique à l’hydrogène

Des critiques s’élèvent aussi sur le principe même de la propulsion électrique. Car la batterie, il faut la produire, la charger et la recycler. La produire, aujourd’hui, c’est utiliser des métaux rares que l’on va chercher dans les sous-sols des pays pauvres ou en voie de développement. Nous déplaçons et nous sous-traitons nos nuisances environnementales dans l’attente de substituts technologiques. Charger la batterie, c’est produire de l’électricité. Une forte demande en énergie à laquelle on ne peut pas répondre aujourd’hui par les sources alternatives. La recycler, c'est très compliqué. Même si certains groupes comme Véolia développent des technologies adaptées, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Il ne faudrait pas que l’aventure de la voiture électrique se termine dans une dizaine d’années comme celle du diesel aujourd’hui, avec une autorité publique qui incite fortement puis se ravise dix ans après en reconnaissent un mauvais choix. Beaucoup militent pour l’hydrogène, encore plus propre. Air Liquide, Alstom savent faire, mais l’Europe a fait le choix de l’Airbus de la batterie électrique. Les prochaines années diront si c’était la route à suivre.

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