Le rapprochement Alstom-Siemens est-il compromis ?
Le rapprochement entre le Français Alstom et l’Allemand Siemens serait-il compromis ? La question se pose, vu les derniers développements du dossier du côté de Bruxelles. Au point de faire réagir le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.
"Refuser la fusion Alstom/Siemens serait une erreur économique et une faute politique de la part de la Commission européenne." Le ton a été donné dimanche 6 janvier par Bruno Le Maire sur CNews. Rappel du contexte : après le rachat de la branche énergie d’Alstom par l’Américain General Electric en 2014, la branche transport du Français doit fusionner à parité avec Siemens courant 2019. L’avenir du dossier appartient à la direction générale de la Concurrence de la Commission européenne qui doit se prononcer au plus tard le 18 février et visiblement, la Commissaire Margrethe Vestager est plutôt timoréee.
Situation de monopole
Au mois d’octobre, l’administration européenne avait signifié aux deux groupes qu’en cas de fusion, le nouvel ensemble serait en position de monopole sur une quinzaine de métiers comme la signalisation ferroviaire, les trains à très grande vitesse, les métros, etc. Alstom et Siemens avaient répondu à ces griefs en annonçant la cession de certains actifs communs dans la signalisation, les matériels roulants, etc. pour la coquette somme de 600 millions d’euros. Mais visiblement, cela n’a pas paru suffisant aux services de la concurrence bruxellois.
Bruxelles pour ou contre le projet ?
La Commission européenne explique vouloir privilégier les clients face à un risque de monopole. De fait, elle freine une fusion qui constituerait un géant européen du transport. Ce que veulent faire Henri Poupart-Lafarge – l’actuel patron d’Alstom, dont il est prévu qu’il dirige le futur ensemble, dont le siège serait à Paris, avec des salariés allemands passant sous un groupe de droit français – et son homologue dirigeant de Siemens, Joe Kaeser, c’est de créer un géant capable de concurrencer le chinois Crrc. Ce dernier rachète à tour de bras tout ce qu’il peut sur la planète, et il est déjà présent en Europe (locomotives pour la Deutsche Bahn). C’est une question de choix : soit Bruxelles décide de porter le projet européen Alstom-Siemens (en encadrant tous les aspects sociaux car les syndicats qui s'opposent à la fusion sont très vigilants), soit elle rejette le projet et laisse le champ libre aux Chinois et aux Japonais sur son propre sol. Pas sûr que nous y soyons gagnants sur le plan social. Le vrai sujet c’est la politique industrielle que l’Europe veut construire et se donner. À défaut, se tirera-t-elle une balle dans le pied ? Réponse mi-février.
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