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Le travail des seniors ne pénalise pas l’emploi des jeunes… au contraire !

C’est ce que montrent les derniers travaux menés par la chaire transition démographique, transition économique de l’Institut Louis Bachelier. L’étude tord le cou à quelques idées reçues.
Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un forum des métiers à Paris, le 3 mai 2018. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

C’est un débat à la fois économique, social et très politique… Certains, essentiellement chez ceux qui militent en faveur de l’abaissement de l’âge de la retraite, estiment que l’emploi des seniors (55-64 ans) a des effets néfastes sur celui des jeunes. Les premiers prenant l’emploi des seconds. Il ne s’agit pas de trancher ici en faveur de l’une ou l’autre opinion, mais d’y voir plus clair dans le débat qu'alimente la chaire transition démographique, transition économique et voir quelles solutions elle propose.

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À travers un condensé de plusieurs enquêtes menées en Europe, ils tendent à prouver que l’emploi des seniors et celui des jeunes se complètent et se conjuguent à la hausse. Pour une raison très simple : le capital d’expérience des seniors accompagne le capital innovation des jeunes. Une synergie des talents en quelque sorte. Dans les faits, des études empiriques montrent que la quantité de travail détenue par les seniors (en France et en Europe) et le taux de chômage des jeunes sont totalement décorrélés. Ce qui expliquerait les différences de compétitivité avec certains de nos voisins européens.

La concurrence intra-européenne

Le taux d’emploi des seniors en France est aujourd’hui de 57%, en dessous de la moyenne européenne (62%) et très en dessous de la Suède où le taux d’emploi des seniors est de 77%, et l’Allemagne (73%). Selon la Chaire TDTE, s’aligner sur le taux d’emploi des seniors en Allemagne nous donnerait 8% de PIB (richesse nationale) en plus d’ici 2040, l’équivalent de 200 milliards d’euros de gains pour l’économie française, et une progression logique des recettes publiques (90 milliards) grâce aux cotisations supplémentaires générées par l'augmentation de la quantité de travail.

La chaire suggère à l’État de mettre en place un congé de réflexion stratégique d’un mois destiné aux personnes de 50 à 53 ans, sous l’égide de France Travail, avec des actions de formation. Voilà le débat relancé à l’heure où l’Insee annonce une reprise légère du chômage en France.

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