Nucléaire : EDF revoit sa stratégie en matière de "petits réacteurs"
EDF va revoir les plans de ses petits réacteurs nucléaires (SMR), a déclaré lundi 1er juillet l'entreprise française. Les SMR, qui se différencient des gros réacteurs traditionnels tels qu’on les connaît, sont développés par EDF en partenariat avec le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), Framatome, Naval Groupe et Tractebel. Le Nuward, c’est son nom, mesure à peine 15 mètres de hauteur avec une technologie dernier cri du type générateur de vapeur intégré. Des réacteurs de taille et de puissance 10% inférieures à celles du parc actuel et présentés comme solution pour décarboner sur site des industries lourdes et gourmandes en énergies fossiles. L’objectif est en effet de rapprocher ces petits réacteurs générateurs d’énergie des sites industriels qui en ont besoin avec du sur-mesure, sur place, en quelque sorte. Seulement, voilà, l’affaire n’est pas au point.
Un certain nombre de composants manquent à l’appel et les ingénieurs sont obligés de se replier sur ce que l’on appelle des solutions sur "étagères", c’est-à-dire qui existent déjà. Ce qui rend les projets moins performants par rapport à l’ambition initiale. Cette remise à plat du projet de petits réacteurs par EDF, est-elle due uniquement à des facteurs techniques ? En réalité, c’est la stratégie industrielle qu’EDF préfère adapter, tout en poursuivant la recherche pour développer des solutions innovantes.
Pas de remise en question des projets
En rupture avec la précédente direction du groupe qui, sous pression des autorités publiques, avait, dans certains cas, choisi la fuite en avant pour dire d’avancer coûte que coûte, l’EDF d’aujourd’hui dirigée par Luc Rémont (PDG en place depuis novembre 2022) ne veut pas renouveler les erreurs du passé. Le coût de développement de sa filiale Nuward, prévu à l’horizon 2035-2040, frôle le milliard d’euros. Si c’est pour avancer sans fiabilité optimale, cela serait pure perte. C’est une décision pragmatique que prend EDF en adaptant ses plans pour ses petits réacteurs.
EDF est réellement engagé dans le match des petits réacteurs nucléaires de proximité et entend toujours concurrencer Chinois, Russes et Américains. Il y a 80 projets qui sont recensés dans le monde. Mais le défi technologique demande de s’adapter et de garder l’ambition industrielle sans brûler les étapes. Qui plus est à l’heure où l’argent, notamment public, est de moins en moins facile à trouver.
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