Toujours en hausse, le nombre de faillites d’entreprises se situe à niveau proche de la période pré-Covid
D’après la Banque de France, les faillites d'entreprise ont continué de grimper en juillet pour toucher 49 863 entreprises sur 12 mois, soit un bond de 42% sur un an. À ces niveaux, on n’est plus très loin des 51 145 défaillances de décembre 2019, juste avant l’arrivée du Covid. Si l’on regarde dans le détail, seules les micro-entreprises, qui représentent l’essentiel du tissu entrepreneurial, restent en dessous de leur niveau de faillites d’avant la pandémie, alors que les plus grosses – TPE, PME et ETI – sont davantage touchées, et l’ont même déjà dépassé.
Pour ce qui est des secteurs, c’est l’hébergement-restauration qui souffre le plus, en raison de l’impact des confinements successifs, suivi de l’industrie. C’est un peu la même chose dans toute l’Union européenne, puisque selon les derniers chiffres trimestriels d’Eurostat, ce sont les hôtels-restaurants et les entreprises de transport qui voient leurs défaillances monter en flèche. À l’échelle de l’Europe, les faillites sont même beaucoup plus élevées globalement, puisqu’elles touchent leur plus haut niveau depuis 2015.
Si les défaillances d’entreprises remontent si fort en France, c'est tout d’abord parce que les entreprises ne bénéficient plus des mesures de soutien du gouvernement de la période Covid : le fameux “quoi qu’il en coûte”. Les Prêts garantis par l’État (PGE) appartiennent au passé, et il faut les rembourser. Pareil pour les charges sociales, qui avaient été décalées, mais qui n’ont pas disparu pour autant. Toutes ces mesures, d’une ampleur inédite, avaient fait baisser artificiellement le nombre de défaillances qui avaient atteint un plancher à 27 000 faillites par an, c’était fin 2021. Et quand on part de très bas, le rattrapage est encore plus spectaculaire.
L’autre explication, à cette accélération des faillites, tient à la dégradation des conditions économiques. Pour lutter contre l’inflation, les banques centrales se sont mises à remonter brutalement leurs taux à partir du printemps 2022, rendant le crédit plus cher et pesant sur la croissance. Même si la France résiste mieux que ses voisins européens, la progression de son PIB se limitait à 0,5% au deuxième trimestre, freiné par une consommation toujours en berne. Un climat peu propice aux affaires pour les entreprises.
Le plein-emploi peut être pas atteint
Si l’on écoute les experts, rien d’alarmant à tout cela, la Banque de France elle-même voit dans cette remontée une normalisation du nombre de défaillances, qui en vitesse de croisière, sur 10 ans, concerne autour de 59 000 entreprises par an. Les banques, qui ont une bonne vision de la santé financière de leurs entreprises clientes, ne s’attendent pas non plus à une déferlante de défaillances. La seule inquiétude qui commence à poindre concerne l’emploi, qui dans certains secteurs pourrait souffrir de ces liquidations. À l’heure où le chômage cesse de baisser et remonte même légèrement à 7,2% au deuxième trimestre, l’objectif du gouvernement d’arriver au plein-emploi dans les années qui viennent pourrait être plus difficile à atteindre.
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