Royaume-Uni : sept ans après le Brexit, l'Europe reste un sujet de préoccupation majeur
"An elephant in the room", qui se traduit en français par "un éléphant dans la pièce". L’Europe aujourd’hui dans la politique anglaise est un problème évident dont personne ne parle. Le gouvernement, dirigé par Rishi Sunak, un brexiteur convaincu, se rend bien compte quotidiennement qu’il doit passer par l’Europe : pour lutter contre l’immigration illégale, pour faire des affaires, pour l’industrie du tourisme ou encore pour les coalitions militaires. Si les Britanniques ne voteront pas aux élections européennes, ils regardent en permanence ce qui se passe de l’autre côté de la Manche.
Le Royaume-Uni votera, cette année, pour renouveler la chambre des Communes, la date précise n'est pas encore connue. Mais après 13 ans au pouvoir, les conservateurs sont donnés largement perdants par tous les sondages. Et dans cette campagne nationale, l’Europe sera forcément un sujet. D’ailleurs, les conservateurs, en quête de failles dans le camp adverse, ont accusé les travaillistes de vouloir revenir dans l’Europe. Keir Starmer, le leader de l’opposition, futur Premier ministre si son parti s’impose, a bien expliqué qu’il n’en était pas question. En revanche, il veut réécrire l’accord de sortie avec l’Union européenne et retrouver des points de convergence, là où Boris Johnson jouait les fiers à bras.
L’actuel leader du gouvernement, Rishi Sunak, a milité pour le Brexit, mais depuis qu’il est arrivé au pouvoir, le 25 octobre 2022, il cherche des solutions, sans taper du poing sur la table. Il a signé, par exemple, l’accord sur l’Irlande du Nord. Un imbroglio diplomatique qui a pollué les relations entre l’Europe et le Royaume-Uni pendant des mois. Il échange avec la France sur un ton beaucoup moins abrupt que ses deux prédécesseurs sur les réfugiés qui traversent illégalement la Manche, au péril de leur vie. Et en effet, il y a eu moins de traversées cette année.
Critiquer l'Europe mais pas trop
Le Royaume-Uni a claqué la porte, à la surprise générale, en 2016 et pendant six ans, la tension était maximale entre Londres et l’Europe. Désormais, le ton a changé entre Londres et Bruxelles. Depuis la fin de l’administration Johnson, il y a beaucoup moins de postures. Le Royaume-Uni est clairement entré dans le temps des négociations, point par point, parfois sur des détails comme récemment pour les jeunes français en voyage scolaire qui n'ont plus besoin de passeport, la carte d’identité suffit.
Pour autant, aux yeux de la population, il n’est pas question de montrer ce qui pourrait ressembler à la moindre faiblesse vis-à-vis de Bruxelles : hors de question de remettre en cause le vote démocratique de 2016. Les partis politiques sont déjà en campagne et l’Europe sera clairement un sujet sensible. Il faudra en dire du mal, mais pas trop, parce qu’au bout du compte, ils savent tous que le bien être des Britanniques passe par des relations apaisées avec le Continent.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.