Dépenses publiques : le bras de fer entre l'exécutif et les collectivités locales
David Lisnard, le président LR de l'Association des maires de France (AMF), a envoyé mardi 28 mai dans la soirée un courrier à Emmanuel Macron pour lui proposer un débat sur les finances publiques du pays. Un débat après les élections européennes, ou à l'occasion du congrès des maires à l'automne prochain, si le président préfère. À ce stade, l'Élysée ne fait aucun commentaire sur cette proposition de joute budgétaire. Si David Lisnard réclame un débat, c'est à cause d'une petite phrase d'Emmanuel Macron dans L'Express la semaine dernière : "Hormis une dérive des dépenses initialement prévues qui est du fait des collectivités locales, il n'y a pas de dérapage de la dépense de l'État".
Cette accusation de "dérive" des dépenses des collectivités a fait bondir les élus locaux. "Macron a encore manqué une occasion de se taire", torpille un élu qui accuse le président de chercher des "boucs émissaires". L'agacement s'est manifesté par un communiqué conjoint des associations des régions, des départements et des maires pour dénoncer une "affirmation déloyale", "provocatrice" ou encore une "atteinte à la confiance entre l'exécutif et les élus locaux". Les collectivités territoriales ripostent en expliquant que, certes, leurs dépenses ont augmenté cette année, mais pas de leur fait. Elles ciblent l'inflation, qui pèse sur les prix de l'énergie, sans oublier le transfert de charges de l'État vers les collectivités, comme la revalorisation des allocations sociales ou des salaires des fonctionnaires territoriaux.
En jeu, la préparation du budget pour 2025
"Les collectivités locales se plaignent en permanence", dédramatise un conseiller de l'exécutif. Un autre ironise sur leur façon de dire "l'État est méchant, les collectivités sont gentilles". Ce qui est en jeu derrière, c'est la préparation du budget pour 2025. Le gouvernement cherche encore des milliards d'économies et les collectivités locales pourraient aussi être mises à contribution. "Si Bercy est trop gourmand, les maires n'auront d'autre choix que de fermer des services publics et de diminuer les investissements, y compris dans la transition écologique", riposte un cadre de l'AMF. Bref, le bras de fer État-collectivités risque de continuer. Pour alimenter le débat, le ministère du budget vient de recevoir un rapport qui évalue le coût de "l'enchevêtrement des compétences" à "plusieurs milliards", alors qu'Emmanuel Macron aimerait réformer le fameux "millefeuille territorial".
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