Environnement : la transition écologique peut-elle être remise en cause dans l'UE après les prochaines élections européennes ?
Pendant qu’en France, l’Elysée et Matignon se demandent s’il faut se tourner vers la droite ou vers la gauche pour faire adopter la loi "ENR", qui prévoit d’accélérer la construction d’éoliennes sur le territoire, à Bruxelles depuis quelques mois on vote taxe carbone aux frontières, fin des voitures thermiques en 2035 ou lutte contre la déforestation importée.
Des enjeux beaucoup plus ambitieux, beaucoup plus structurants, évidemment complémentaires à la loi française (la loi ENR française comporte d'ailleurs des transpositions passées ou à venir de directives européennes). Mais ce que les politiques français disent peu, c’est qu’au-delà des débats nationaux qui sont légitimes, le vrai bon niveau pour traiter la question de la transition écologique est probablement le niveau européen. Ce n’est qu’au niveau du continent qu’on peut créer un rapport de force avec les autres grandes puissances comme la Chine ou les Etats-Unis.
Un renouvellement du parlement européen peut-il freiner la transition écologique ?
Imposer une taxe carbone pour les produits polluants aux frontières d’un seul pays, c’est assurément se tirer une balle dans le pied. Si tous les pays européens ont les mêmes règles de marché intérieur, vous pouvez espérer neutraliser la concurrence. Mais si ces textes sont adoptés à Bruxelles, c’est aussi que l’équation politique s’y fait plus facilement. L’esprit des institutions européennes est basé sur la proportionnelle et le compromis.
Sur le climat, les majorités se négocient donc sur un arc qui va des écologistes au centre-droit. Ce sont des élus issus des mêmes partis français qui trouvent ces compromis : c’est comme si à l’Assemblée, EELV se mettait d’accord avec Horizons, avouez que cela n’arrive pas tous les jours.
Mais rien ne dit que ces accords majoritaires vont tenir longtemps. En 2024, le parlement européen va être renouvelé. Des élections européennes avec une éventuelle percée de la droite et des populistes comme en Italie, en Espagne, en Suède et même en France. Ces partis sont moins ambitieux, voire franchement hostiles, sur la transition énergétique. Un eurodéputé macroniste explique : "Aujourd’hui, la configuration politique permet d’aller vite sur les textes climatiques, aucune certitude qu’elle sera encore là en 2024."
Si Bruxelles accélère sur le climat, c’est donc aussi pour éviter qu’une alternance vienne briser cette lancée. Quand l’urgence politique rejoint l’urgence climatique.
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