Matignon face à la fronde d'une partie du gouvernement après avoir demandé des économies dans les ministères
Une lettre datée du mois d’avril, envoyée par Matignon, demande à tous les ministères de réduire de 5% leurs dépenses. Un effort budgétaire qui ne concerne ni les aides distribuées ni les salaires des fonctionnaires mais qui doit permettre de dégager sept milliards d'euros de financements supplémentaires pour la transition écologique.
Techniquement il ne s'agit pas de coupes budgétaires, presque tous les ministères ont d'ailleurs eu des hausses de budget cette année. La cheffe de l’exécutif demande plutôt à ses ministres de vérifier que toutes les dépenses sont utiles et de réattribuer ce qui ne l’est pas.
Gérald Darmanin refuse, Matignon ne lâche pas
Une demande de rigueur budgétaire qui, en coulisses, étonne et détonne. À part en 2018 où le déficit est brièvement repassé au-dessus des 3%, Emmanuel Macron ne s’est jamais réellement illustré par sa volonté de tailler dans les budgets. La croissance de l'économie a toujours été vue comme un moyen de compenser les hausses de dépenses. Plus compliqué : des "Gilets jaunes" au "Quoi qu’il en coûte", l’habitude a été prise d’actionner la dépense publique pour répondre à des situations politiques exceptionnelles. Faire attention à ses dépenses, c’est donc plutôt nouveau en Macronie.
Cela explique le scepticisme de certains ministres. "En temps normal, le président n’est pas si sensible à la dépense publique", raille un important ministre. "5% c’est impossible", s’étrange un pilier de la Macronie avant de tacler : "Dans un contexte d’inflation on ne va quand même pas réduire les dépenses militaires, de justice ou d’éducation." La palme revient probablement au ministère de l’intérieur : on apprenait cette semaine dans Le Canard Enchaîné que Gérald Darmanin a refusé la demande de la Première ministre, se réfugiant derrière sa loi de programmation. Information confirmée par franceinfo.
Un bras de fer évidemment plus politique que budgétaire, pas vraiment du goût de la Première ministre qui ne semble pas disposée à dispenser Gérald Darmanin de faire des efforts. "Peut-être qu’on n'a pas été assez explicite sur le fait qu’une loi de programmation ne dispense pas les ministres de réfléchir aux économies possibles", souligne-t-on à Matignon.
Arrêter d'utiliser la dépense publique pour répondre aux problèmes politiques
Cette nouvelle course aux économies, c'est le signe que les budgets ne sont pas extensibles et que la stratégie de toujours répondre aux problèmes par de nouvelles dépenses ou de nouveaux chèques a ses limites.
À Bercy, où l’on garde un œil sur notre dette (3 000 milliards d’euros), on appelle tout le monde à la responsabilité. "De la droite à la gauche, personne ne propose de réduire la dépense publique", s’alarme un proche de Bruno Le Maire. Avant de conclure : "Fitch, c’était un petit avertissement. D’autres agences vont finir par nous dégrader et on va se réveiller avec la gueule de bois."
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